L'Iran reste sous la menace de sanctions de l'Organisation des Nations unies malgré la signature d'un accord avec le Brésil et la Turquie sur l'échange de combustible nucléaire, estiment hier des diplomates proches de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) à Vienne. «Il n'y a pas de problème avec l'accord concernant le réacteur de recherche nucléaire de Téhéran. Mais, convenir de l'apport en combustible pour ce réacteur ne va pas changer la donne aux yeux de la communauté internationale» sur la question de l'enrichissement de l'uranium, a déclaré un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat. L'Iran est déjà sous le coup de trois séries de sanctions de l'ONU pour son refus d'arrêter son programme d'enrichissement de l'uranium, que les puissances occidentales soupçonnent d'être une couverture pour l'accès à l'arme nucléaire. Or, Téhéran a réaffirmé hier que l'Iran poursuivrait son propre programme d'enrichissement, malgré la signature de l'accord avec Ankara et Brasilia. Cependant, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré hier qu'après cet accord il n'y avait «pas besoin» de nouvelles sanctions contre l'Iran. «L'Iran a d'abord approché l'Aiea, car ils (les Iraniens) avaient besoin de combustible», a rappelé un autre diplomate, «mais ils refusent depuis huit mois» un accord sous l'égide de l'Aiea. «Ils ne risquent pas de sanctions à propos du réacteur de recherche de Téhéran. Ils risquent des sanctions pour avoir refusé d'arrêter l'enrichissement d'uranium, les gens ne devraient pas l'oublier». L'Aiea tente depuis octobre dernier de convaincre l'Iran de signer un accord avec les Etats-Unis, la France et la Russie pour leur livrer l'uranium faiblement enrichi (LEU), qui serait enrichi à 20% en Russie puis transformé en France en combustible. L'Iran, invoquant un problème de confiance, n'avait jusqu'à présent pas donné suite à cette proposition. L'Aiea n'a pas commenté la signature de l'accord avec la Turquie et le Brésil, pas plus que les représentants américain, français et russe auprès de l'agence onusienne. Cependant, un diplomate proche de l'Aiea relève que depuis l'échec des discussions avec Téhéran, l'Iran, selon le dernier rapport, en février, de l'agence onusienne à ce sujet, a porté à 2065 kg son stock d'uranium faiblement enrichi: «Donc, même après en avoir théoriquement livré 1200 kg en Turquie, il leur en reste encore beaucoup», a-t-il souligné.