L'abeille saharienne, plus connue des scientifiques sous le nom d'Apis Mellifera Sahariensis, est l'une des races peuplant le sud ouest algérien plus particulièrement les Monts des Ksour, Mechria, Bechar et Beni Ounif. C'est une espèce que nous partageons avec nos voisins les marocains. Des prospections ont été menées depuis 2003 dans le territoire de Ain Sefra (Naama) pour repeupler les régions du Sud de cette abeille envahies par l'abeille tellienne. Selon MM. Nacereddine Chenane et Amar Khenfer, ingénieurs agronomes à l'Institut technique des élevages (ITELV) ayant conduit l'étude, «l'objectif premier de cette initiative pionnière, est d'assurer la pérennité de l'espèce qui est en voie de disparition et de booster par la même occasion la production de miel dans la région tant sur le plan qualitatif que quantitatif». «L'amélioration des rendements de différents produits des ruches dans la région à l'instar du miel, la cire, le pollen, la gelée royale ou le venin, devrait ouvrir des perspectives prometteuses dans nombre de filières que ce soient agro-alimentaire, pharmaceutique ou cosmétique». Ces zones arides se caractérisent, selon M. Chenane, «par leur pauvreté en tapis végétal comparé au nord du pays où les abeilles ont à leur disposition des fleurs épanouies durant un court laps de temps qui s'étale sur un à trois mois au printemps», dit-il. «Néanmoins, ces étendues steppiques et semi désertiques recèlent quelques espèces d'arbres fruitiers, des luzernières et divers légumineuses, des tamarix, des saxifrages et quelques composées épineuses (jujubier) pouvant assurer une importante production de miel d'une qualité exceptionnelle» précise ce spécialiste. En outre, cet insecte pollinisateur possède des qualités indéniables en milieux extrêmes notamment, sa capacité à parcourir plus de 8 Kilomètres dans sa quête de pollen contre seulement 3 Km pour l'abeille Tellienne. Cette espèce qui s'est adaptée à cet environnement hostile durant des millénaires, fait face après l'incursion de l'abeille tellienne dans son berceau d'origine, à une véritable altération génétique qui risquerait de créer des abeilles hybrides non résistantes. «C'est d'abord une purification sur le plan de l'aspect externe puis de celui de l'ADN. L'introduction de l'apis mellifica Sahariensis aura des retombées financières et environnementales considérables». Car l'apiculture est une source de richesse dont le développement, en terme d'emploi, peut sans nécessiter un investissement conséquent, conduire à une multiplication d'activités complémentaires voire même principales». D'ailleurs, la population de Ain Sefra concernée en premier lieu par cette tentative de repeuplement, de par l'existence d'apiculteurs âgés ayant connu cette espèce, a adhéré au projet. De même que les responsables locaux qui n'ont ménagé aucun effort pour que ces zones retrouvent l'abeille autochtone. Un engouement grandiose est manifesté à telle enseigne que les centres de formation professionnels ont ouvert la filière apiculture dans le cursus de formation. Un poste avancé sera même érigé dans cette région qui compte déjà des associations.