Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH) a appelé hier à la nécessité de mettre en œuvre l'Agence nationale de lutte contre la corruption, en vue de faire face d'une manière efficace à ce phénomène insidieux. Agence qui est pourtant créée par décret présidentiel datant de l'année 2006, a-t-il souligné. « Jusqu'ici, ce projet de grande importance pour l'économie nationale, voire aux droits de l'homme d'une manière générale, n'est que de l'encre sur papier. Les autorités concernées doivent nécessairement mettre en place les mécanismes devant rendre le projet opérationnel », a indiqué le président de la Commission. Maître Ksentini souligne aussi que l'Agence en question est prônée dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption. «Il faut reconnaître que la corruption dans notre pays a gangrené l'ensemble des secteurs socioéconomiques. Pour les droits de l'homme, il n'y a pas pire ennemi que la corruption. La transgression des droits des personnes s'explique généralement par l'ampleur prise par le phénomène de la corruption. Ceci est visible notamment dans les pays en voie de développement », ajoute le juriste. Pour lui, la mise en place «effective» de ce mécanisme permet d'avoir une vision claire mais surtout de cerner le fléau «au lieu de laisser place aux organisations étrangères, souvent non gouvernementales, de nous éclairer sur le sujet», poursuit-il. Me Ksentini ajoute dans la même optique qu'«il ne s'agit pas ici de remettre en cause les rapports établis par ces organisations, car, comme je l'ai cité, la corruption existe chez nous, et ce n'est un secret pour personne. Ce qui est important est de faire le constat du phénomène par nous-mêmes». Aux yeux du président de la CNCPPDH, «l'Agence de lutte contre la corruption permettra de donner des statistiques fiables du fléau et, par conséquent, prendre des mesures adéquates pour le contrer». Mieux, ce nouveau mécanisme de lutte servira d'appui pour l'arsenal juridique relatif à la lutte contre la corruption, car, a-t-il constaté, «les textes de lois existent mais, il reste leur concrétisation sur le terrain».