Le syndicalisme algérien à travers la vie d' Aissat Idir nous est donné à lire dans un volume où documents, témoignages et dossiers ont été recueillis par Mohamed Farès, lui-même membre du collectif qui a créé le syndicat des enseignants algériens. Une biographie approfondie de Idir Le sage depuis son enfance jusqu'à son engagement dans le mouvement unificateur des travailleurs et le mouvement national. Le travail de recherche de l'auteur commence à Djemaa Essaharidj, lieu de naissance du chahid en 1915 et où il a fait ses premières études autant dans la langue arabe au sein d'une école coranique qu'à l'école française. Chemin faisant, Mohamed Farès et pas à pas remontera le cours des années jusqu'aux sources premières de ce qui est l'UGTA. Les itinéraires nombreux et différents qui ont abouti au même idéal des fondateurs du syndicalisme national algérien. Aissat Idir personnage principal de cette étude et symbole du groupement des travailleurs algériens à une époque muselée par un régime colonialiste des plus arbitraire. Qu'à cela ne tienne. Le syndicalisme algérien fera corps avec le mouvement révolutionnaire pour aboutir à l'indépendance. Il est vrai que nous connaissons tous Aissat Idir comme figure emblématique de la révolution mais il aura fallu des décennies après l'indépendance pour qu'un écrit vienne à faire découvrir au lectorat algérien la vie du premier syndicaliste algérien et sortir de l'ombre un homme d'envergure et figure de proue, de ce qui est actuellement Union générale des travailleurs algériens. Des détails, des anecdotes, des noms de lieux, des dates, et surtout des biographies dont celle du premier syndicaliste algérien, nous éclaire sur la lutte du mouvement ouvrier à asseoir sa place sur la scène internationale, en même temps que l'engagement révolutionnaire de tout un peuple. Une représentativité ayant subi les retombées tyranniques du tribunal militaire lequel par des sentences absolutistes a voulu briser et le mouvement des travailleurs et ses principaux acteurs. Le 17 janvier 1959, Aissat Idir est transféré de Birtraria vers l'hôpital militaire Maillot « Pour causes de brûlures graves ». Mohamed Farès dans cette biographie et ce témoignage mentionne à la page 167 « La lecture des documents en notre possession et dont nous faisons état nous permet de retracer le calvaire d'Aissat …. Il subit des tortures durant quarante jours. Il est particulièrement brûlé aux jambes et sur le corps…La peau se détache par plaques…Aissat subit six greffes de la peau et vingt deux anesthésies…Il décède le 26 juillet 1959» De nombreuses marques de solidarité émanant de syndicats étrangers ont émis leur indignation après la mort d'Aissat Idir, en l'occurrence de la Fédération syndicale mondiale, de la CGT, des syndicats arabes, maghrébins, yougoslaves, du parti socialiste suisse, des travailleurs italiens, de la fédération allemande des ouvriers et du Japon. Aissat Idir confiera à son épouse selon le témoignage de l'un de ses fils, avant le procès de janvier 1959 « Je ne crois pas que je sortirai vivant de leurs mains… » Un livre à lire, un des plus témoignant du supplice subi par ceux pour qui la liberté s'est concrétisée et qui ont écrit l'histoire de l'indépendance en lettres de sang .Aissat Idir entre autres. - L'auteur : Mohamed Tayeb Farès est né en 1910 à Akbou, enseignant universitaire, il a été également membre fondateur des scouts musulmans algériens, il adhère au FLN et fut membre du comité fondateur du syndicat algérien des enseignant - «Aïssat Idir», documents et témoignages sur le syndicalisme algérien, de Mohamed Fares, préface de Mohamed Kaddache, 267 pages, Editions Zyriab, 2009, prix public : 450 DA