Photo: Fouad S. Un code pour l'enfance plus harmonieux et des mesures urgentes pour donner un nom et une identité aux enfants nés au maquis terroristes, ont été au centre des débats de la table ronde organisée hier, au forum d'El Moudjahid. Animée par Maître Merouane, Pr Khiati et le représentant de l'UNICEF M. Oulmi, cette rencontre a permis de lever le voile sur les défaillances existantes dans l'arsenal juridique établies depuis plusieurs années. « Le législateur algérien a établi des textes de loi en mesure de protéger l'enfant. Le plus important des textes c'est le code pénal qui condamne de façon drastique le viol, le kidnapping et toutes autres formes de violence envers les enfants. Une loi applicable aussi sur les parents et les tuteurs s'ils sont impliqués dans de tels actes», dira maître Azzedine Merouane. Toutefois, en dépit de cet arsenal juridique, des défaillances existent encore puisque de plus en plus de mineurs sont victimes d'actes de violences. « Depuis 2001, 830 enfants ont été kidnappés, soit 100 par an et 10 000 enfants souffrent de violences pratiquées par les parents eux-mêmes ou la fratrie», dira maître Merouane. Pis, le phénomène de la pédophilie fait de plus en plus de victimes puisque durant les dix derniers mois de l'année en cours, on a recensé 805 enfants ayant subi des violences sexuelles. « Plus grave encore, c'est l'implication des mineurs dans des meurtres. 30 mineurs ont été arrêtés et écroués pour assassinats», expliquera l'orateur qui exige que l'implication des familles dans la prise en charge des enfants est un engagement primordial et complète les textes de lois. Le droit de l'enfant algérien à la santé, à l'enseignement et à un toit décent est un droit acquis. Toutefois, des interférences et des différences existent d'un texte de loi à un autre. Ceci, interpellera le Pr Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM) qui a plaidé pour l'instauration «d'un code de l'enfance» qui regroupera l'ensemble des textes. Comme il a appelé à renforcer l'arsenal juridique par des textes d'application. A ce titre, il déplore la déperdition scolaire de 100 000 enfants qui quittent l'école avant 16 ans (âge limite de la scolarisation obligatoire) et tant d'autres sombrent dans la toxicomanie, l'emploi précoce ou encore la harga. A ce titre, le Pr Khiati invite les responsables à traiter ces phénomènes de près car «entre 12 000 et 15 000 enfants sont présentés à la justice annuellement pour vol, violence et autres délits», dira le président de la FOREM. Comme il affirmera la nécessité «d'accompagner par des mécanismes et des dispositions les numéros verts. On a été confronté à des appels en détresse d'enfants victimes d'abus sexuels au sein de leurs familles mais faute d'endroits appropriés ou de pédopsychiatres, nous les avions laissés dans ce milieu où le danger persiste», déplore M. Khiati. Intervenant à son tour, le représentant de l'UNICEF M. Faycal Oulmi, a rappelé les avancées réalisées par l'Algérie qui a ratifié la Convention internationale des droits de l'enfant en matière de protection de l'enfance sur le plan de la scolarité, de la santé et de son insertion dans la société. «Des acquis sont obtenus mais des défis restent à relever, notamment pour les enfants malentendants et non-voyants et les enfants des zones du Sud et des Hauts plateaux victimes de décès avant l'âge de six ans», déplore M. Oulmi. Les participants ont unanimement mis en exergue le rôle «primordial» des médias pour accompagner ce programme d'information et de communication, notamment en ce qui concerne la lutte contre toutes les formes de discrimination et de vulnérabilité des enfants.