Vision n Le Pr Mustapha Khiati, président de la Forem, a plaidé pour l'instauration «d'un code de l'enfance qui regrouperait l'ensemble des textes». La délinquance juvénile a fait des ravages ces dernières années. Entre 12 000 et 15 000 enfants sont traduits annuellement en justice pour vol, violence et autres délits, nous apprend Merouane Azzi, avocat, responsable de la cellule chargée de la réconciliation nationale au niveau de la cour d'Alger. Plus grave encore, 30 mineurs ont été arrêtés et écroués pour assassinats, a-t-il encore expliqué, hier, dans une conférence-débat sur «les droits de l'enfant», au centre de presse d'El Moudjahid. Plus loin, il notera que 830 enfants ont été kidnappés depuis 2001, soit une moyenne de 10 enfants / an. L'âge des enfants victimes de ce phénomène varie entre 4 et 16 ans. En dehors des affaires de règlements de comptes et de rançon qu'imposent les criminels en échange des enfants pris en otage, certains enlèvements finissent par un meurtre, a-t-il déploré. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : pas moins de 10 000 enfants souffrent de maltraitance familiale et continuent de subir des agressions verbales de la part de leurs frères ou autres membres de la famille. Près de 805 enfants ont été victimes de harcèlement sexuel ces derniers mois. 4 000 enfants sont abandonnés par leurs mères biologiques chaque année, sachant que 3 000 enfants illégitimes naissent chaque année en Algérie. C'est pourquoi le Pr Mustapha Khiati, président de la Forem, a plaidé pour l'instauration «d'un code de l'enfance qui regrouperait l'ensemble des textes». Selon lui, ce code doit être global et comporter tous les aspects qui sont sensiblement liés aux droits de l'enfant. Il a relevé, par ailleurs, qu'il y a une véritable cacophonie dans les lois existantes qu'il qualifie «d'éparpillées» et de «contradictoires». Par ailleurs, le même intervenant, a mis le doigt sur la violence scolaire qui, selon lui, est une réalité que nul ne peut occulter, sans oublier de citer le problème de la marginalisation, voire de l'abandon auxquels sont confrontés souvent un bon nombre d'enfants en classe. L'autre phénomène qui continue de ronger cette population fragile est celui de l'exploitation juvénile, en ce sens, le Pr Khiati a signalé que selon la dernière enquête initiée par le ministère de la Santé en partenariat avec l'Unicef et d'autres partenaires, quelque 350 000 enfants de moins de seize ans travaillent au noir. Et d'enchaîner que ces chiffres rejoignent ceux donnés par la Forem. Pour sa part, Fayçal Oulmi, chargé de la communication au bureau de l'Unicef à Alger, a souligné que la situation de l'enfant en Algérie est plus ou moins satisfaisante comparée aux années précédentes, partant du principe que l'Algérie est le premier pays africain qui a enregistré un taux de scolarisation important, soit 98%. Sur le plan de la santé, il estime qu'aujourd'hui, il y a un progrès estimable qui se traduit par la baisse du taux de mortalité, soit 35% pour 1000 enfants. Enfants nés au maquis l 40 dossiers sur 100 concernant les enfants nés au maquis, ont été traités entre 2007 et 2008 au niveau de 7 cours de justice notamment à Alger, Boumerdès, Tizi Ouzou, Chlef et Bouira, a affirmé Maître Merouane Azzi. Conformément aux règles juridiques et au code de la famille, ces enfants ont pu être récupérés par leurs parents biologiques qui ont vu leurs unions normalisées par le mariage des deux conjoints qui vivaient au maquis lors de la décennie noire. En moyenne, il a été recensé presque 500 enfants issus des «relations légitimes ou non», certains ayant dépassé même l'âge de 15 ans, a-t-il encore précisé. Il estime en outre, qu'il est nécessaire de créer une loi spécifique dans le cadre de la loi de la réconciliation nationale pour solutionner ce problème rapidement, afin de donner un nom et une identité aux enfants nés au maquis.