La Suisse n'a jamais été, pour reprendre la formule d'un de ses plus honorables intellectuels, Jean Ziegler, au-dessus de tout soupçon. Elle révèle, au travers les résultats du référendum qui interdit la construction de minarets sur son territoire, un de ses autres visages rebutants. Elle n'est pas seulement la patrie du blanchiment des fortunes douteuses. A sa décharge, il faut peut-être souligner que son isolement des affaires du monde a contribué à l'émergence d'une mentalité frileuse. Le monde entier et des secteurs de l'opinion helvète même ont accueilli avec stupéfaction les résultats du référendum qui prouve encore que l'Europe est d'abord en porte-à-faux avec ses propres idéaux. La Suisse n'a jamais été, pour reprendre la formule d'un de ses plus honorables intellectuels, Jean Ziegler, au-dessus de tout soupçon. Elle révèle, au travers les résultats du référendum qui interdit la construction de minarets sur son territoire, un de ses autres visages rebutants. Elle n'est pas seulement la patrie du blanchiment des fortunes douteuses. A sa décharge, il faut peut-être souligner que son isolement des affaires du monde a contribué à l'émergence d'une mentalité frileuse. Le monde entier et des secteurs de l'opinion helvète même ont accueilli avec stupéfaction les résultats du référendum qui prouve encore que l'Europe est d'abord en porte-à-faux avec ses propres idéaux. Au delà de cette marque de suspicion, voire d'insulte, contre une des plus grandes religions du monde, il faut surtout relever l'essor des idées de rejet contre l'étranger qui se développe dans le monde occidental. Il y a sans doute aussi les conséquences de la crise qui n'épargne pas la Suisse. Et, c'est connu, dans les moments d'incertitude et de désarroi, le bouc émissaire est tout indiqué : c'est l'étranger accusé de tous les maux. Les idées de pureté des races qui ont fait le lit de toutes les idéologies racistes refont surface. La Suisse est loin d'être un cas isolé. Comme ses voisins, la France, l'Autriche et l'Italie, elle est gangrenée par les partis d'extrême-droite. L'UDC n'est que la sinistre réplique du FN qui prône le rejet des différences qui ont toujours été le socle des systèmes issus de la philosophie des lumières. D'aucuns trouvent prétexte dans les manifestations de radicalisme qui émergent çà et là dans le monde musulman pour tenter d'atténuer l'effet désastreux de ce référendum. De bonnes âmes estiment même que les deux extrémismes s'alimentent. Mais comme pour les droits de l'homme, faut-il en priver ceux qui les tolèrent peu chez eux ? Le modèle européen que vient d'ébranler le référendum a justement tiré sa force et son attrait de ce refus d'être comme ceux qui prônent l'intolérance. Le parallèle est partial car des pays de forte et ancienne tradition démocratique, les musulmans sont souvent, pour le cas de la Suisse, issus des Balkans. Ils ont montré un attachement sans faille aux institutions du pays. Ils n'affichent pas qu'un attachement à la religion qui est l'un des droits essentiels de l'homme. Chez la majorité d'un peuple qui se targue d'être tolérant, on s'oppose à ce droit élémentaire. On n'aime que les capitaux arabes et les émirs dépensiers. Pire, au nom d'une forme d'exercice directe de la démocratie. Il y a longtemps qu'un homme faisait remarquer à juste titre son défaut. Celui de mettre sur un pied d'égalité les voies de la sagesse et de la crétinerie. Avec ce vote, cette dernière prend le visage de l'arrogance et de la suffisance.