L'expérience économique algérienne est riche en péripéties, qui ont fait prendre à l'Etat algérien des décisions qui peuvent sembler parfois contradictoires, mais qui sont, en fait, dues à des corrections nécessaires face à des situations générées par les aléas de l'ouverture et ses contraintes. En effet, en une période relativement courte, bien des faits se sont produits, qui ont dicté des adaptations, favorisant par la même une maturité certaine. C'est là qu'il s'avère que le défi est à la mesure du potentiel économique que connaissent et reconnaissent tous les partenaires de l'Algérie à l'Algérie. Ce potentiel demeure une réalité en puissance, non encore suffisamment valorisé, non encore suffisamment exploré, et donc pas encore assez bien exploité pour fournir à notre économie les moyens de se prémunir d'une concurrence étrangère qui, elle, a fini d'inventorier ses atouts et ses armes. D'où ces corrections et ces réajustements qui rectifient le tir à chaque fois que les objectifs changent de trajectoire. Une trajectoire dont la lisibilité est très complexe, même si pour concrétiser ses ambitions économiques, l'Algérie s'appuie sur tout ce qui est susceptible de lui permettre d'y arriver. D'abord sur une rente en hydrocarbures qui favorise une capacité d'investissements publics à même de constituer la base d'un démarrage économique multisectoriel, d'une croissance non soutenue, et d'un développement durable. Ensuite, sur des politiques et des stratégies de développement industriel et humain dont la finalité est de créer les conditions d'un essor technologique et d'une sécurité alimentaire. Et enfin, sur une approche planétaire du partenariat international, où le maître-mot est la diversification des interlocuteurs commerciaux et technologiques et la recherche forcenée, dans le cadre de ces échanges, du meilleur résultat en matière d'acquisition commerciale et de transfert de technologie et de savoir-faire. C'est sur cette dernière voie où le résultat dépend également du niveau d'engagement des partenaires étrangers de l'Algérie, que le chemin a paru sinueux et semé d'incertitudes. Au lieu d'une volonté d'investissements que justifie la qualité du marché algérien au potentiel inédit, l'Algérie a rencontré une offensive commerciale inéquitable. On peut supposer, non sans cynisme, qu'il est de bonne guerre de la part des opérateurs économiques étrangers de vouloir placer leurs produits sur le marché algérien. Et dans ce cas-là, il est également tout aussi normal et même plus légitime que l'Algérie se défende sur les plans économique et législatif, pour endiguer un phénomène qui aurait pu, à terme, occasionner un déséquilibre financier et des pertes astronomiques pour la jeune économie algérienne. Le constat est aujourd'hui définitivement établi : des partenariats, pourtant sous-tendus par des enjeux stratégiques, dont certains dans le domaine énergétique, ont donné lieu à des bilans dérisoires, jusqu'à parfois se réduire à des actes commerciaux et à une pratique intensive de l'importation. Le recul stratégique de l'Algérie fut un message fort qui semble avoir suscité des échos de compréhension et de raison dans certaines capitales européennes et ailleurs. Il reste à voir se traduire, sur le terrain concret de l'économie, des intentions, pourtant mues par les qualités d'un marché hautement porteur, mais des intentions tout de même, qu'on a entendues trop souvent pour manquer de dire cette fois-ci : attendons pour voir, car il faut le voir pour le croire.