Aminatou Haïdar, la «Gandhi sahraouie», refuse de lâcher prise depuis qu'elle sait que sa grève de la faim a donné une lisibilité inespérée en Occident à la question du Sahara Occidental dont le règlement passera, n'en déplaise au Maroc, par un référendum «libre, juste et intègre». «Son temps est en train de s'achever. Nous ne pouvons plus parler de semaines, mais d'heures ou de jours», déclare Domingo de Guzman Perez Hernandez, son médecin. En «danger» de mort, elle fait porter la responsabilité des conséquences de la grève de la faim qu'elle observe à Lanzarote (Canaries) depuis le 16 novembre à l'Espagne, qu'elle qualifie de «complice» avec le Maroc. Comment ? En se montrant «incapable» de lui permettre de retourner chez elle, à El Ayoun occupée, pour retrouver ses enfants et sa mère après lui avoir promis un consentement des deux gouvernements (espagnol et marocain) à l'opération de son retour. Tromperie, mensonges et humiliation, s'indignent partis politiques, ONG et presse espagnols. Le Parti populaire, le principal parti d'opposition, suggère au gouvernement Zapatero qui a promis, à son arrivée au pouvoir en 2004, de régler le problème du Sahara Occidental en six mois, a reconnu que son pays connaissait des difficultés avec le Maroc pour trouver une solution raisonnable d'appliquer à Rabat la tactique du «bâton et la carotte» à partir de janvier prochain lorsque l'Espagne présidera l'Union européenne. Doucement mais sûrement, l'affaire de la militante Aminatou Haïdar prend des allures de crise diplomatique. Les deux pays sont à l'heure des regrets. L'Espagne «déplore profondément» l'obstruction marocaine qu'elle qualifie de contraire au droit international. Le Polisario, qui a laissé faire les deux parties, sort de son silence. Il réaffirme son «engagement» à lutter pour «les droits nationaux» des Sahraouis au Sahara Occidental par «tous les moyens, y compris la lutte armée».