La grève de la faim qu'observe Aminatou Haidar, la militante pacifiste, depuis le 16 novembre dernier, à Lanzarote, met la question du Sahara Occidental au centre de l'actualité internationale, notamment en Espagne. Des centaines d'ONG, de droite comme de gauche, l'acculent chaque jour davantage à prendre ses responsabilités d'ancien colonisateur, c'est-à-dire faire pression sur le Maroc, la force occupante depuis 1975 pour qu'il permette à la « pasionaria » de rentrer dans son pays, le Sahara Occidental et cesse ses violations des droits de l'homme. Dans l'actuel repositionnement espagnol, même le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir) estime que le Maroc «s'est trompé» de cible. «Le Maroc s'est trompé», affirme la secrétaire du parti socialiste, Leire Pajin. A l'instar de toute la société espagnole qui annonce de fortes mobilisations pour aujourd'hui à l'occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de l'homme et des Nations unies, elle appelle le Maroc à contribuer à débloquer la situation. Le Front Polisario (Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro) qui suit cette grève fait savoir à Madrid et Rabat « les deux capitales à l'origine de la crise » que le risque pourrait être élevé pour la région si elles continuent à « transposer » la pression sur la « Gandhi sahraouie ». Décodé, si Mme Haidar venait à mourir, les Sahraouis qui luttent pour leur indépendance sans violence, depuis 1991, en attendant la tenue d'un référendum pour l'autodétermination promis, menacent de reprendre les armes. « Si Mme Haidar meurt, les arguments pour continuer la voie pacifique seront caduques » prévient Taleb Omar, le premier Ministre de la République arabe sahraouie démocratique. Le représentant du front Polisario aux Nations unies, M. Ahmed Boukhari tient des propos similaires. Dans un message à l'Organisation onusienne, il laisse entendre que le Front Polisario « ne peut poursuivre les négociations avec le Maroc avec le cadavre d'Aminatou Haidar sur la table ». « Si Aminatou Haidar décède, cela portera un coup fatal aux négociations entre le Front Polisario et le Maroc », dit-il à l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, M. Christopher Ross. Dans cette quête d'une solution, le sénateur américain, Patrick Leahy qui a appelé de nouveau le Maroc à reconsidérer sa position «obstinée», se demande si l'exil de Mme Haidar, la détention des sept activistes des droits de l'homme et les «violations» marocaines des droits de l'Homme au Sahara Occidental ne signifient pas qu'il «est nécessaire pour les Nations unies d'élargir les prérogatives de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental) pour y inclure la protection des droits de l'Homme, en avril prochain. La France, le pays ami du Maroc au Conseil de sécurité, espère une solution rapide.