Le combat pacifique d'Aminatou Haidar continue. Cette femme courage, militante sahraouie, qui a réussi sa grève de la faim de 32 jours pour exiger son droit de retourner chez elle, est, depuis le 18 décembre, assignée à résidence à El Ayoun. La «Gandhi sahraouie» a affirmé à l'agence Reuters que «le siège continue» ajoutant qu'elle était «assignée à résidence» et que les membres de sa famille, les voisins «avaient des problèmes» pour lui rendre visite et que les magasins de son quartier en souffraient. La militante sahraouie, qui qualifie cet état de fait de «mauvais signal», a indiqué que le siège de son domicile dure depuis son retour. En effet, un important dispositif des forces de sécurité marocaines a été déployé dans la ville, et des journalistes, des observateurs internationaux, des militants des droits de l'Homme ainsi que des centaines de citoyens ont été empêchés de se rendre à son domicile pour s'enquérir de son état de santé et lui témoigner leur solidarité. «J'ai le courage de ma conviction de continuer à défendre la cause de l'autodétermination du peuple sahraoui. Je ne renoncerai jamais malgré les menaces d'emprisonnement, d'enlèvement, de torture et d'exil», soutient Aminatou Haidar témoignant que le Maroc «réprime la population sahraouie tout en négociant avec le Front Polisario». La militante sahraouie, devenue le «symbole» d'une nation après sa grève de la faim pour ses compatriotes dans les territoires occupés et en exil, a également réussi à redonner un élan à la cause sahraouie. Le geste de Haider a eu son impact à la fois en Espagne et au plan international, et son combat a servi à remettre la cause sahraouie sous les projecteurs de l'actualité internationale. En Espagne, la lutte de Haidar contre l'injustice a été portée à bout de bras par la société civile, notamment les nombreuses associations de défense des droits de l'Homme et de soutien au peuple sahraoui, ainsi que des personnalités du monde de la culture. L'action de cette femme déterminée a eu également le mérite de lever, encore une fois, le voile sur les graves violations des droits de l'Homme par le Maroc, et à dénoncer l'alignement présumé de la position du gouvernement espagnol sur les thèses marocaines concernant la question du Sahara occidental. Mais la volonté de Haidar a eu gain de cause puisque une résolution au Parlement espagnol a été adoptée. «Le statut définitif du Sahara occidental doit respecter la légalité internationale et doit être le résultat du libre exercice du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination à travers l'organisation d'un référendum, conformément à la Charte des Nations unies et aux résolutions du Conseil de sécurité», y est-il mentionné. Le texte insiste également sur «l´élargissement du mandat de la Minurso à la question des droits de l´Homme au Sahara occidental». C´est là, la première victoire de l´action engagée par Mme Haidar. Mais pas seulement puisque la grève de la faim de cette mère de deux enfants qui se refuse a se «reconnaître comme Marocaine» a eu un impact politique et diplomatique au plan international avec la condamnation quasi unanime du Maroc et la faillite de la position pro-marocaine du gouvernement espagnol qui évite, depuis, de parler du «plan d´autonomie» marocain. «Je rentrerai chez moi vivante ou morte», avait prévenu à Lanzarote cette ancienne prisonnière d'opinion. Elle se trouve aujourd'hui chez elle mais continue de subir la répression de l'occupant. Son combat permanent se poursuit mais la solidarité doit aussi continuer pour que cessent l'arbitraire et l'impérialisme. H. Y.