Que s'est-il passé à Copenhague durant presque deux semaines ? Rien. Ou sinon quelque chose de tellement dérisoire par rapport aux attentes qu'on peut considérer qu'il s'est passé quelque chose de très significatif. Désormais, il y aura un avant-Copenhague et un après- Copenhague, car c'est toute la crédibilité de la démarche de lutte contre le réchauffement climatique qui est battue en brèche.. Ce qui pourrait être dit sur l'attitude des grands pays industrialisés quant à l'arbitrage qu'ils ont fait à la conférence de la capitale danoise entre leurs priorités économiques et la menace climatique se résume à la boutade de Hugo Chavez qui a toujours, pour ses interlocuteurs occidentaux, les mots qui tuent, à savoir que «le climat était une banque, vous vous précipiteriez tous pour le sauver.» Entre le Congress américain dont on dit, pour permettre au prix Nobel de la paix de sauver la face à Copenhague, qu'il a d'autres chats à fouetter que de s'occuper de climat, et l'Europe qui rêve, pour s'y être préparée, de créer de la croissance en surenchérissant sur les technologies vertes, les divergences inconciliables et les concessions dérisoires des uns et des autres ont très vite démontré que la conférence qui devait consacrer le protocole de Kyoto et aller au-delà, n'est qu'une parodie de forum sur le climat. Ceux qui ont pollué durant 150 ans entendent encore polluer, parce qu'il y va de leur suprématie économique, mais ils ne s'embarrassent pas de contradictions en demandant à ceux qui commencent à peine à jouir de leur droit d'émettre du CO2, en vue du développement, de faire des efforts en la matière. L'Afrique, elle, première victime du réchauffement climatique et de la conférence de Copenhague, a une marge énorme en matière d'émissions de gaz à effet de serre. S'il y avait eu des accords contraignants, ce continent aurait pu bénéficier d'un transfert important de CO2 émis sous forme de délocalisations industrielles qui viendraient d'Europe, d'Asie et d'Amérique, créant une dynamique de croissance et donc aussi des moyens pour financer l'effort de conversion à une économie verte. Quant à la Chine, grand pays émergent qui a rejoint les grands pollueurs de ce monde, elle a au moins le mérite de la lucidité, assumant la modestie de ses engagements qu'elle attribue à ses besoins de développement, et pointant le véritable enjeu de la lutte contre le climat, qui est celui d'amener le citoyen occidental à consommer moins de CO2, lui qui reste attaché à son mode de vie dont chaque manifestation est une débauche d'énergie et de pollution.