Dans ce bras de fer aux allures de défis, la fracture iranienne fragilise un pouvoir poussé dans ses derniers retranchements Des affrontements ont éclaté, hier, entre la police et des milliers de manifestants hostiles au pouvoir. «Nous nous battrons, nous mourrons, mais nous reprendrons l'Iran», scandaient les manifestants déterminés à « faire tomber » les bassidjis (milice proche du pouvoir). La police est rapidement intervenue. Quatre personnes ont été tuées par « des tirs directs » des forces de sécurité, selon l'opposition. Son site Rahesabz a indiqué que trois des victimes ont été tuées par des «tirs directs» de «forces militaires» près du «pont du collège» sur l'avenue Enghelab, la grande artère traversant Téhéran d'est en ouest où se sont concentrées, hier, toutes les manifestations. Un quatrième manifestant aurait été tué un peu plus loin. La police iranienne a démenti l'information. « Jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune information sur des personnes tuées par la police », a-t-il indiqué selon les agences Isna et Fars. Le chef de la police de Téhéran, Azizollah Rajabzadeh a déclaré que « la police n'a pas procédé à des tirs et les membres des forces de l'ordre n'ont pas d'armes de guerre avec eux », tout en affirmant, en revanche, que « plusieurs policiers ont été blessés ». Une contre-manifestation a été également organisée par les partisans d'Ahmadinejad sur la même avenue, scandant des slogans favorables au président et au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. L'opposition était déjà parvenue, samedi, à mener plusieurs manifestations de moindre ampleur à Téhéran. La police a réussi à disperser tous les rassemblements dont celui des partisans de l'ancien président Mohammad Khatami qui devait faire un discours dans la mosquée de Jamaran. Les forces anti-émeutes ont procédé à un nombre indéterminé d'arrestations. Mais, l'opposition entend capitaliser la fête chiite du Achoura et du septième jour de la mort de l'ayatollah Hossein Ali Montazeri pour continuer la protesta entamée depuis la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en juin dernier. Les gardiens de la révolution et les milices populaires, les bassidjis, sont déterminés à briser la contestation et mettre fin à un engrenage qui risque fort d'ébranler les fondements de la République islamique en butte aux difficultés internes, aux pressions occidentales soutenues et à un isolement international. Dans ce bras de fer aux allures de défis, la fracture iranienne fragilise un pouvoir poussé dans ses derniers retranchements. Fait inédit : l'état d'urgence et le couvre-feu ont été décrétés, pour trois jours, dans plusieurs grandes villes.