Le virtuose du Malouf Abbas Righi et l'Ensemble de Kaboul ont donné le La à une soirée musicale atypique. Epoustouflant. Si pour les initiés- et les habitués- les spectacles donnés par Abbas Righi ne font plus mystère de leur succès, pour les profanes que nous sommes, le récital que l'artiste a animé samedi soir dans le cadre de la quatrième édition du Festival International de la Musique Andalouse et des Musiques Anciennes (du 21 au 30 décembre 2009 à la salle Ibn Zeydoun, Alger), vient, sans coup férir, réconforter toute la notoriété qui s'est faite autour de son talent. Et que nous découvrons avec un plaisir réel. En effet, lauréat de la dernière édition du Festival du Malouf, Abbas Righi, conscient du poids de ce prestigieux titre, a offert à un public de connaisseurs une prestation musicale de haute facture, en exécutant, à leur grand bonheur, une Nouba Sika, appréciée à coups de salves nourries. Flanqué d'un orchestre- le sien- réglé comme une partition, et mené de main de maître par le virtuose Samir Boukridira, chef d'orchestre de l'Ensemble Régional de Constantine dont le passage jeudi dans la même salle avait suscité l'émerveillement du public, le jeune Abbas, a déroulé à qui voulait voir et entendre, une maîtrise presque parfaite de son sujet. Déjà que la générosité l'a gratifiée d'une belle voix, chaude et puissante à la fois. Et dont certaines intonations renvoient bien au grand maître du Malouf, Hadj Tahar Fergani. Sans parler de son jeu de luth qui n'est que spectaculaire. Tout, vraiment tout, pour contribuer à la préservation de même qu'à la mise en valeur de ce patrimoine musical, que se disputent avec beaucoup d'efficacité, les trois écoles (Alger, Tlemcen et Constantine), à travers des festivals nationaux récemment institutionnalisés par le ministère de la Culture. La Nouba achevée sur les chapeaux de roue, le voilà maniant le luth et la voix pour s'engager, histoire de nuancer le rigorisme du Malouf, reprenant des vieux textes, tout aussi célèbres dont celle, Qalou laarab qalou, narrant les derniers jours du dernier Bey de Constantine, Salah Bey. Enfin, on ne remercierait jamais assez ce jeune virtuose de nous avoir bercés d'une musique paisible, belle et sans trop de fioritures. Ce qu'il lui a valu d'ailleurs, à la fin de son passage, l'étalage en fleurs du commissaire général du festival, Rachid Guerbas. De Cirta, feue capitale du royaume numide, au pays afghan, il faut bien dire que pour un voyage dans l'espace et dans le temps, le festival répond amplement à sa vocation. Annoncé en pompe par la presse, l'Ensemble de Kaboul, qui est à sa deuxième participation, a tenu, comme il fallait s'y attendre, aux attentes affichées ici et là. Surtout, qu'à la surprise générale, le public découvre une musique afghane aux variations mélodiques très proches de la musique chaâbi. Des rythmes Berouali, des notes rythmiques qui ont presque enflammé la salle, donnant lieu à des scènes de danses, qu'on était à mille lieues d'en soupçonner l'éventualité. Preuve parmi tant d'autres d'un rapprochement que seule la musique est en mesure d'opérer entre les peuples.