Cela m'a amené sincèrement à me départir définitivement de mes idées préconçues, comme quoi la cueillette des olives est une pratique révolue et ringarde. La campagne oléicole n'aura pas été, cette année, à la mesure des espérances des oléiculteurs. A Jijel, Bordj Bou arréridj, Tizi Ouzou ou Bejaia, un déclin significatif a caractérisé la récolte des olives. Les huileries qui, habituellement, fonctionnent jusqu'au mois de mars vont arrêter, vraisemblablement, leur activité prématurément, selon les pronostics des services agricoles et autres oléiculteurs. La raréfaction de ce produit très prisé par les consommateurs se répercutera inévitablement sur le prix de vente de l'huile d'olive qui va connaître une augmentation par rapport à l'année dernière. C'est du moins ce que prévoient les agriculteurs. D.C. Les potentialités naturelles diverses et importantes de Jijel et sa base infrastructurelle économique d'envergure nationale et régionale font d'elle immanquablement une wilaya résolument tournée vers l'avenir. Un avenir prometteur sur tous les plans que son présent laisse déjà entrevoir à travers la dynamique de développement née des différents plans de relance économique. L'immense port de Djendjen, l'aéroport Ferhat Abbès, la zone industrielle de Bellara et son réseau routier qui la relie aux autres wilayas sont des atouts majeurs qui valorise davantage son potentiel et la propulse au rang d'une région de première importance à l'échelle nationale. Cela étant, même si la wilaya de Jijel a le regard rivé vers des horizons modernes, elle est, au demeurant, fortement attachée à son histoire et son patrimoine. Ce lien qu'ont les Jijeliens avec leur histoire trouve justement son prolongement dans l'agriculture, particulièrement lors de la campagne de récolte des olives. De génération en génération, et ce depuis des siècles, la même affection unit les familles d'ici à l'olivier. La cueillette des olives y est plus qu'une activité qui mobilise tous les membres des familles propriétaires d'oliveraies. Sa symbolique transcende, en effet, tous les aspects matériels et autres bénéfices. Elle perpétue en quelque sorte l'authenticité. L'ATTACHEMENT À L'OLIVIER, UNE RELATION D'AMOUR «Généralement, les Jijeliens vivant hors de la wilaya prennent leurs congés de travail en novembre ou en décembre, de sorte qu'ils les font coïncider à chaque fois avec la campagne de la récolte. Cette habitude prouve, si besoin est, que l'appel de l'olivier est entendu par nous tous, enfants de Jijel, quel que soit l'endroit où on vit », confiera fièrement Ahmed, un propriétaire d'une petite oliveraie familiale à El Ansar distante de 45 kilomètres du chef-lieu de wilaya et travaillant à Alger. Il vient juste de décharger d'un camion neuf quintaux d'olives, labeur d'une cueillette qui a mobilisé toute sa famille. Il les a acheminés depuis son exploitation jusque chez les Bouchemella, propriétaires d'une huilerie implantée à l'entrée ouest de la ville de Jijel, exactement au quartier Heddada. Toutefois, avant de franchir le seuil du grand portail qui fait office d'entrée dans la huilerie en question, on est agréablement surpris et happé par les effluves qui en émanent. Des senteurs qui vous détachent subitement des odeurs de la ville pour vous faire embarquer dans un autre milieu au décor qui non seulement regorge de nostalgie pour les anciens, mais surtout favorise une relation fusionnelle entre la nouvelle génération et la terre synonyme, dans ce cas, de retour aux origines. « C'est la première fois que j'accompagne mon oncle ici. Rien qu'en humant le parfum de l'olive je me sens vraiment revigoré. Cette odeur, à vrai dire, a fouetté profondément mes sens et cela m'a amené sincèrement à me départir définitivement de mes idées préconçues, comme quoi la cueillette des olives est une pratique révolue et ringarde. Cette fois, c'est décidé, dès que mon tour arrive je prendrai grand soin de notre verger familial » promet Azzedine, un jeune, dont la famille est originaire de Jijel qui est né et vit toujours à Alger. Fonctionnant telle une ruche sous le bruit ininterrompu des machines d'extraction du précieux jus des olives, la huilerie occupe une vaste assiette. A vue d'œil et dans la grande cour, séparant le portail du hangar où sont installées les deux chaînes de production, des dizaines si ce n'est quelques centaines de sacs en jute ou en nylon pleins à craquer d'olives y sont entreposés à l'aire libr.