Photo: Horizons. D'aucuns, initiés et profanes, reconnaissent à la jeune une extraordinaire capacité vocale. Une voix douce et puissante à la fois avec laquelle elle négocie une musique qui justement exige austérité et rigueur. Avis à toutes les voix féminines qui occupent aujourd'hui l'aire andalouse. Désormais vous devrez composer avec une sérieuse concurrente : Imene Sahir. Une diva ? Non pardi ! En voilà, en effet, un vain mot, ou plutôt, un titre ringard, qui d'ailleurs, ne fait plus recette, y compris chez celles à qui on l'a fait porter. Non mille fois non, car si l'ex-sociétaire de l'association El Djenadia de Boufarik, a déjà pondu son premier album (Nouba Ghrib, Soli), jamais l'enivrant tournis de la notoriété ne lui a pris la tête, même à l'heure où elle plastronnait pratiquement sans partage sur la scène rivalisant et mettant sur le gril de nombreuses concurrentes. En tout cas, ce n'est pas rien si Rachid Guerbas, le chef d'orchestre de l'Ensemble national de la musique andalouse l'a adoptée dans sa troupe, aux côtés d'une partie- mais pas la majoritaire, mille fois hélas- de la fine fleur de l'élite andalouse. Nous pensons ici à nos grands maîtres, Sid Ahmed Serri, Hadj Tahar Fergani, Mohamed Khaznadji, et d'autres encore, qu'on tient, a dessein ou non, de plus en plus à distance des feux de la rampe. D'aucuns, initiés et profanes, reconnaissent à la jeune une extraordinaire capacité vocale. Une voix douce et puissante à la fois avec laquelle elle négocie une musique qui justement exige austérité et rigueur. Une générosité divine qui l'a propulsé sur les devants de la scène, subjuguant et émerveillant un public qu'elle a fini par conquérir, au prix fort d'une carrière dévouée au patrimoine musical et poétique. Issue d'une famille de mélomanes, très vite, Imene s'éprend de l'andalou. Son grand père, émérite lettré et membre de l'association des Oulémas Musulmans, l'encourage à suivre son étoile. « En 1996, je rejoins l'association El Djenadia de Boufarik. J'avais seulement huit ans. Cela n'a pas empêché le professeur Moussa Haroun de remarquer ma prédisposition à assimiler rapidement les cours dispensés» se souvient-elle encore. De quoi alors nourrir un talent qui s'exprimait avec une force telle qu'elle réussit en un temps court à s'imposer dans cette prestigieuse troupe, qu'elle finit par quitter, à la surprise générale. « On m'avait proposé la direction de l'orchestre, poursuit-elle, Mes études de droit m'en ont empêché. De même que j'ai été victime de l'incompréhension » Maturité artistique ou simple illusion ? Imene, elle, plaide sans coup férir pour la première, sentant, sans doute, un « décollage » individuel qui le mènera, tout porte à le croire, d'un succès à un autre. Encore une fois sa carrière de future avocate ou juriste, en veut autrement. Petit passage en 2004 à l'association Dar el gharnatia feu Mahieddine Bellouti pour «élargir et d'approfondir mes connaissances musicales dans le style çanâa» résultat des courses : enregistrement d'une nouba dans le mode Zidan et d'autres inklabat et hawzi, sans omettre les différentes manifestations (festivals nationaux et internationaux, concours, soirées officielles organisées par de hautes personnalités politiques…). La consécration finale, Imene la décroche à l'Ensemble national de la musique andalouse en 2009, où la future Maalma- plutôt que diva- fourbit ses armes auprès d'un autre maître du genre, Cheikh Zerrouk Mokdad.