Peut-on parler de néo-andalou sans susciter des susceptibilités ? C'est une voix féminine qui a déjà fait son petit bonhomme de chemin dans le milieu artistique en général et dans le milieu andalou en particulier, sans pour autant connaître la gloire ni même un peu de cette publicité dont ont bénéficié beaucoup de noms aujourd'hui, qui «même sans talent ont eu la chance de leur côté, avec un coup de piston par-ci, un coup de téléphone par-là et les voici propulsés au devant de la scène» comme le souligne Kamila Nour qui se considère quelque peu lésée et même marginalisée au milieu de cette panoplie de «stars». Cette talentueuse artiste qui tente tant bien que mal d'investir la musique classique algérienne est une élève du conservatoire d'Alger dont elle a eu le premier prix. Elle rejoint par la suite la société musicale El Fakhardjia sous la direction du maestro Abderrezak Fakhardji dont elle sera la principale soliste, puis rejoint l'association musicale El Andaloussia. Sollicitée parfois pour animer certains galas, des soirées musicales, des émissions à la radio ou des manifestations culturelles à l'étranger, Kamila Nour estime que ce n'est pas suffisant et que ses «efforts ne sont pas considérés à leur juste valeur.» Après la parution de son dernier CD, édité chez Belda Diffusion, et contrairement à ce qu'elle attendait comme réaction de la part de ses compères - du moins pour la plupart d'entre eux -, Kamila se dit étonnée et déçue par un dénigrement qui ne dit pas son nom, un comportement qu'elle n'arrive pas à s'expliquer. «C'est comme si j'avais blasphémé ou que j'avais touché à un interdit ; ils me reprochent tous la rénovation que j'ai voulu apporter à l'andalou, j'appelle cela du relooking, c'est-à-dire que j'ai voulu, sans toucher aux origines de cette musique ni la dévier, la mettre au goût du jour, la moderniser quelque peu de façon à ce que les jeunes d'aujourd'hui s' y intéressent et l'écoutent comme ils écoutent les autres musiques... Je ne veux pas qu'elle soit à leurs yeux cette musique ringarde que les vieux écoutent jusqu'à somnolence, je pense n'avoir commis aucun crime en appelant cela du néo-andalou, je ne comprends pas une telle réaction, certains vont même jusqu'à me conseiller - pour mon bien et pour me refaire une virginité comme ils disent - de passer dans une émission radiophonique et m'excuser pour le péché que j'ai commis. C'est vous dire les désagréments que m'a causé ce CD alors que j'en étais toute fière.» Kamila, en parlant de ce nouveau CD dont elle espère entendre de meilleurs échos, rend hommage au travail remarquable de Redouane Boutriche qui lui a fait les arrangements. «C'est un enfant de la musique andalouse, son père Mustapha Boutriche a été mon professeur de musique et il fut l'un des fondateurs de Fen Wa adab. Les arrangements qu'il a opérés sur la musique de mon CD sont magnifiques et je l'en remercie, c'est juste dommage que les concernés ne reconnaissent pas la valeur de ce travail.» En attendant que le CD fasse son chemin au milieu de toutes les autres musiques, Kamila Nour espère un avis objectif et une aide précieuse de la part des responsables de ce secteur sans préjugés ni fausse volonté de protection d'un patrimoine que «je suis la première à vouloir protéger».