Mercredi soir, l'auditorium du théâtre de verdure Laâdi Flici a accueilli la chanteuse de hawzi, Dalila Ferhi, pour un concert exceptionnel de deux heures et demie. C'est en présence de mélomanes que la chanteuse a dévoilé de sa voix raffinée et cristalline à la fois son dernier album Lechouaq, sorti il y a une semaine aux éditions Soli Music. Cette voix féminine, aux intonations justes, a émergé timidement voilà seulement deux ans, à l'occasion de la sortie de son premier album intitulé Salah Bey. Mandoline en main, Dalila Ferhi, vêtue d'un caftan violet scintillant, fait une entrée magistrale sur scène. Des youyous et des appplaudissements fusaient de partout. Avec des gestes mesurés et gracieux, elle prend place aux côtés d'un orchestre de professionnels. Sous le regard complice de son mari, Abdelatif Ferhi (violoniste), et de son manager et cousin, Abdelhadi Boukoura. le la est donné. Les instruments musicaux se mettent à jouer à l'unisson, rehaussés de la voix mielleuse de Dalila pour interpréter un langoureux m'ceder Lelah Ouakelt amri, signé de cheikh Messaoud. Comme promis lors de la conférence de lundi dernier, Dalila a offert un cocktail de ses deux derniers albums. L'artiste a repris des mélodies tristes inédites, appartenant au terroir musical andalou. Parmi les mélodies reprises, citons entre autres Lelah Ouakelt amri, chantée en 1910 par le regretté Mahieddine Bachtarzi, un mechmoum : Elli n'habha mechrouha de Lili Bouniche. Au détour des douces intonations vocales de Dalila Ferhi, l'assistance était conviée à une sublime tefricha sika où la mandaloine et la cithare ont donné leur pleine mesure dans Ya chabih day el hillal. Suivra un zendani dans le mode sika. Une série de chansonnettes, appelées par les profanes m'chamem, se sont succédé, à l'image de El ferqa mora, Mayli sebra besm ellah ou encore Koulouli wine. Aroubi sidi h'lal est un autre titre délicieux passant en revue les différents saints de la place d'Alger où la voix de Dalila a su interprétrer merveilleusement la poésie de l'aède Medeghri El Touhami. Quelques minutes avant la fin du concert, l'artiste a tenu à prendre la parole pour remercier certains piliers de la musique andalouse présents lors de cette soirée dont, entre autres, l'incontournable maître Sid Ahmed Serri, Brahim Beledjreb, président de l'association Fen El Açil de Koléa, Bachir Mazouni de l'association El Djazira et Nacer Benmerabet de l'association El Mossilia. Dalila Ferhi est, incontestablement, une voix montante de l'andalou qui nous a confié en aparté que cette soirée était empreinte d'émotion et de retrouvailles : « Je suis émue d'avoir chanté en présence d'une certaine élite dont notamment ma référence Sid Ahmed Serri. »