Le président de l'AGEA (Association générale des entrepreneurs algériens) a appelé, hier, les pouvoirs publics à un véritable sauvetage de l'entreprise algérienne du secteur du BTPH qui fait, selon lui, face à « des problèmes de mise à niveau, de difficultés d'obtention des crédits et de onditions liées aux dispositions des marchés publics contraignantes ». M. Kheloufi, dont l'organisation prépare actuellement ses deuxièmes assises sur la refonte du code des marchés publics, n'a pas manqué de déplorer les mesures introduites par la loi de finances complémentaire pour 2009 dont l'épineuse question du crédit documentaire qui a des conséquences sur les entreprises de réalisation du secteur. Le BTPH, qui a été « le premier employeur en Algérie », rappelle-t-il, « a réduit de 40 % de son plan de charges et donc d'emplois ». Le premier responsable de l'AGEA promet, si les pouvoirs publics se penchent plus attentivement sur l'avenir du BTPH en Algérie, que « nous n'aurons plus en 2010 besoin de sociétés étrangères » pour prendre en charge nos différents programmes. Mais la situation, a-t-il fait remarquer, n'est pas reluisante même si la loi de finances pour 2010 a introduit « des mesures d'allégement pour l'IRG », l'entreprise algérienne reste pénalisée déjà par une lourde charge fiscale et parafiscale (impôts, cotisations Casnos, Cacobaptp) qui « se chiffre à 42 % de son chiffre d'affaires ». Cela place notre pays, en termes de pression fiscale, au 168e rang dans le monde, le 36e en Afrique et le 15e dans le monde arabe. Pour M. Kheloufi, l'entreprise n'a pas bénéficié jusque-là, « réellement d'un programme de mise à niveau » et l'instauration du crédoc, qui a abrogé « la possibilité pour l'entreprise de bénéficier des avantages du crédit fournisseur de la part de ses partenaires allemands, italiens, espagnols ou autres », lui a compliqué la situation. Résultat : « nous ne gérons plus ni la qualité, ni les délais, ni les prix » dans nos transactions avec les partenaires étrangers.Pire encore, 50 à 200 entreprises ont déjà « mis la clef sous le paillasson » à cause de cette mesure . Autre dossier qui enfonce davantage les entreprises algériennes : les dettes impayées ui étaient de 40 milliards DA en 2007. Celles-ci ont baissé, reconnaît M. Kheloufi, puisque le niveau avoisine les 27 milliards DA en 2008 mais « jusqu'à 20 milliards ont pour origine les avenants » qui résultent d'une « absence de maîtrise des cahiers des charges par notre administration », ajoute M. Kheloufi. Malgré l'existence d'une « volonté d'assainissement des créances », dit-il, les avenants posent problème en ce sens que leur règlement relève « d'une procédure lourde ». L'AGEA veut tirer la sonnette d'alarme, ses adhérents, qui étaient à 1180 en 2008, sont descendus à 580 en 2009. « Ils sont 10 seulement aujourd'hui ». Elle va, outre ses démarches de sensibilisation en direction des pouvoirs publics, ouvrir, à partir de février prochain, la seconde réflexion sur l'amendement du code des marchés, après la rencontre de Annaba en juin 2009. Une plateforme sera destinée au président de la République. Celle-ci viendra clôturer les secondes assises qui auront lieu en juin 2010 à Oran. Le secteur du bâtiment va mal, sans aucun doute, au- delà de la question de la pénurie des matériaux de construction. Le crédit doc, à lui seul, est « source de surcoûts » dont la gestion avoisine les 12 %, dira un membre de l'AGEA qui regrette les difficultés des PME algériennes à obtenir des crédits et des financements.