La véritable création commence où finit le langage, selon un physicien et écrivain anglais. Dans la générale de la pièce de théâtre présentée mardi dernier au soir «Quichotte, l'homme qui n'y était pour rien», la touche créative y était mais incomprise, selon la réaction du public qui quittait graduellement la représentation. Cette pièce de théâtre est écrite par M'hamed Benguettaf et mise en scène par Chawki Bouzid. Le texte de cette nouvelle pièce produite par le Théâtre national algérien (TNA), a été traduit du français vers l'arabe classique par le critique de théâtre Mohamed Boukrasse. En cinq mois, dont trois mois de lecture, analyse et construction et deux mois de réalisation, la trame de cette pièce traite du sujet de l'intégration d'un individu lambda dans une société. Avec un art consommé de l'expression corporelle captivante, les deux des sept comédiens ont su créer l'illusion du réel et raconter avec talent en usant de diverses techniques. Il s'agit de Fadhel Abbes Al Yahia qui a campé le rôle principal «Quichotte» et Kamel Zarara dans le rôle de «Panchou». Le metteur en scène tient à préciser, en outre que cette pièce n'est pas une adaptation du roman «Don Quichotte» de Miguel de Cervantès, mais d'une innovation qui traite, à travers l'être terrestre Quichotte, de plusieurs sentiments typiques à l'homme, dont l'amour, la haine, l'égoïsme et la douleur». Deux visions se distinguent sur scène, l'impressionnisme des images projetées sur des téléviseurs et d'un autre côté le réalisme. L'ensemble des spectateurs n'a pas fait part de son «admiration» pour cette représentation théâtrale. Cependant, il a applaudi en dernier les acteurs de la pièce, pour les efforts fournis dans leur jeu. Pourquoi cette pièce n'a pas pu accrocher le spectateur ? Les trois quarts du public, des familles et des jeunes pour la majorité estiment que ce travail ne renvoie pas à la réalité algérienne. Preuve à l'appui, l'utilisation d'un dialogue arabe classique. «Nous ne parlons pas l'arabe classique dans notre vie quotidienne», s'écrie Fatiha, la quarantaine venue avec son époux Rabah qui partage son avis. En sus, dans le théâtre comme au cinéma, une histoire doit être racontée d'une manière cohérente. Ce n'est pas le cas dans cette pièce puisque le texte reste incompris. La faute incombe au langage utilisé. Alors que le metteur en scène, Chawki Bouzid estime : «Peu importe la langue ou le dialecte utilisé car au théâtre , il n'existe qu'un seul langage, celui de la scène». En marge de cette représentation, le metteur en scène émet le souhait de voir cette production théâtrale en tournée dans plusieurs wilayas du pays ainsi qu'une participation à des festivals et des concours théâtraux. Chawki Bouzid compte se rendre à Skikda pour créer un nouveau spectacle intitulé «L'ombre chinoise» de Salim Souhali. La générale est prévue pour la mi-mars. Cette pièce traite de la femme. «Quichotte, l'homme qui y'était pour rien» sera présentée, chaque soir au TNA jusqu'au 29 janvier, sauf les vendredi et samedi où elle sera présentée les après-midi.