Scène n La générale de Quichotte, l'homme qui n'y était pour rien, a été donnée, hier, au Théâtre national. Cette pièce de M'hamed Benguettaf, produite par le Théâtre national, adaptée et mise en scène par Chawki Bouzid, s'inspire de l'œuvre de Miguel Cervantès, Don Quichotte. En somme, la pièce, traduite du français vers l'arabe par Mohamed Boukeras, puis revue et corrigée au plan linguistique par Abderrazak Boukebba, est une lecture du personnage de Quichotte, un personnage certes atypique et caractériel, curieux et imprévisible, mais vivant, animé et qui réfléchit de la même manière qu'il ressent, et c'est autour de cette personnalité énigmatique, sombre et obscure dans le sens caché et méconnu, que le metteur en scène s'emploie à mettre en espace et à nous faire découvrir. Ainsi, paraît sur scène un Quichotte différent de celui que la littérature universelle a l'habitude de montrer. C'est un Quichotte ordinaire, pareil à chacun de nous, avec des sentiments, des réminiscences et une force d'aimer, celle qu'il a connue par le passé. C'est vrai qu'il est inhabituel, insolite et excentrique, mais derrière cette apparence trompeuse et mesquine, étriquée et réductrice, Quichotte se présente égal à lui-même, bien qu'il se montre idéaliste, mais sans prétention ni démesure. Un Quichotte sobre et stylisé, loin des stéréotypes, puisqu'il porte en lui plusieurs sentiments propres à l'homme, comme l'amour, la haine, l'égoïsme ou encore la douleur. Ainsi, dans la pièce, on s'aperçoit que le personnage de Quichotte s'éloigne de l'image héroïque que lui avait fabriquée Miguel Cervantès, tout comme on aperçoit en conséquence la personnalité d'un individu qui réfléchit, sent les choses et souffre aussi. Quichotte, un personnage interprété par le comédien irakien Fadel Abbas Ali Yahia, diplômé de l'Institut des beaux-arts de l'université de Bagdad et enseignant à l'ISMAS de Bordj El-Kiffan, entame une quête de soi, et dans ce cheminement qui le mène vers des questionnements relevant de l'ordre existentialiste, il se dévoile dans sa nature et sa véracité humaine. La mise en espace du personnage de Quichotte diffère de la représentation que l'on a dans l'imaginaire collectif, et notamment celle que l'on retrouve dans la littérature. C'est une adaptation hasardeuse, insolite, voire surréaliste. Elle se veut une innovation, une création. La pièce ressemble à une peinture relevant de l'art contemporain. Revêtant un caractère abstrait même s'il y a présence d'éléments figuratifs, elle illustre une vision surréaliste et elle est l'expression d'images composées et métaphoriques. La scénographie dans laquelle évolue le jeu des comédiens, un jeu traînant cependant en longueur, et qui n'inspire pas, est alors fort démonstrative. Et même si l'interprétation des comédiens se révèle adaptée à la scène, le jeu reste lent et parfois fastidieux tant le déroulement de la pièce, d'un bout à l'autre, reste répétitif et monotone. Toutefois, l'effort d'innovation et de création apporté à la pièce, et particulièrement à la scénographie, est à louer. A noter que la pièce sera présentée au TNA, tous les soirs à 19h, et ce, jusqu'au 29 janvier, sauf les vendredis et samedis où elle sera présentée les après-midi à partir de 15h.