Photo : Slimene S. A. Tenue en Indonésie sur l'île de Java du 18 au 24 avril 1955, la conférence de Bandung, première réunion afro-asiatique réunissant 29 pays des deux continents, a ouvert la voie à l'internationalisation de la cause algérienne. «Notre parcours révolutionnaire a commencé avec la tenue de la conférence de Bandung. L'Algérie doit énormément à l'Indonésie et surtout au défunt Sukarno. Il a tenu, malgré la conjoncture de l'époque à tenir cette rencontre au sommet, dix années après l'indépendance de son pays ». Un témoignage émanant du moudjahid Larbi Dmegh El Atrous, ex-ambassadeur en Indonésie, lors d'une conférence-débat tenue au centre d'études stratégiques du journal Echaâb, sur « La diplomatie algérienne de la conférence de Bandung aux accords d'Evian », animée conjointement avec l'historien Amar Rkhila. La conférence de Bandung a, rappelons-le, regroupé des pays décolonisés en présence de nombreux mouvements de libération. Tentant de se démarquer des deux grandes puissances de l'époque, ces même pays voulaient échapper à la logique de guerre froide, d'autant plus que les initiateurs de cette conférence ambitionnaient la création sur la scène internationale d'un ensemble de puissances. Le texte adopté au terme de cette rencontre, rejette d'ailleurs le racisme, le colonialisme et plaide pour une coopération économique. Etant encore sous le joug du colonialisme et compte tenu de l'influence qu'avait la France sur les décisions politiques de bon nombre de pays des deux continents, la participation de l'Algérie à cette conférence a été d'emblée « rejetée » par certains leaders. Ils étaient loin d'être identiques les uns aux autres, leurs courants politiques et idéologiques étant différents. Et ce par rapport à l'Occident. Selon M. Dmegh El Atrous, l'Algérie a mené un réel « combat » pour pouvoir participer à cette rencontre afro-asiatique. « Elle a finalement réussi à se faire entendre », se rappelle le conférencier, soulignant que le mérite de la participation de la délégation du FLN (représentée par Ben Bella, Khider, Aït Ahmed et M'hamed Yazid) revient au forcing mené à l'époque, par le chef de la diplomatie indonésienne. Les représentants algériens ont saisi cette opportunité, tant attendue et négociée, pour exposer aux participants ensuite à l'ensemble de la communauté internationale leur cause et leurs aspirations. « M'hamed Yazid a parfaitement réussi à faire entendre la voix de tous les Algériens, revendiquant l'intégration de la cause algérienne à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies », a-t-il souligné. Les Algériens ont réussi ce plaidoyer avec succès puisqu'en dépit des tergiversations de la France et son influence en tant que membre du Conseil de sécurité, l'AG de l'institution onusienne a engagé un réel débat sur la cause algérienne, le 30 septembre de la même année. Ce fut donc le prélude à un long et rude parcours diplomatique, compte tenu de l'intransigeance de l'Etat français. De la constitution du bureau du Maghreb arabe, de la délégation algérienne au Caire, de l'organisation de solidarité afro-asiatique jusqu'aux Accords d'Evian, l'histoire retiendra que la diplomatie algérienne a toujours conservé son indépendance dans toutes ses décisions politiques. A l'occasion de la célébration du 55e anniversaire de la conférence de Bandung, l'Association Machâal El Chahid a honoré hier Mme Yuli Mumpuni Widarso, ambassadeur de la République d'Indonésie. Rappelant les liens entre les deux pays, notamment depuis l'accord de partenariat de 2005, consolidant les relations bilatérales, l'ambassadeur a annoncé la tenue le 24 mai, au siège des archives nationales, d'un forum sur la conférence de Bandung.