Les conditions sociales sont difficiles pour les sages-femmes et les infirmières. De plus, elles font face à un autre problème qui, cette fois-ci, est relationnel. En effet, et comme il y a beaucoup de tâches à effectuer dans un service de maternité débordé, de temps à autre des accidents, des complications post-opérationnelles, des fausses couches, et plus rares des négligences sont signalés. «Tous les jours, nous prions Dieu pour que rien n'arrive aux patientes et leurs nouveau-nés. Parce que d'abord nous sommes, et beaucoup de gens semblent l'oublier, des êtres humains, une complication, un décès, un bébé malade, bien sûr que ça nous inquiète, puis, il faut dire que les familles s'emportent, surtout les époux qui déversent leur colère contre le personnel médical, ils oublient qu'ils sont dans un hôpital. Des fois, j'arrive à les comprendre, particulièrement lorsqu'il s'agit de cas graves, mais quand il s'agit d'insultes, voire d'agression physique, je ne peux me taire», regrette Samia qui a 10 ans d'expérience dans le service du CHU. Quant à ce médecin gynécologue, elle pense qu'il faudrait faire appel à des psychologues pour être à l'écoute des infirmières. «Parfois, elles ont besoin de faire un break. Elles souffrent mentalement, assister une demi-douzaine de femmes par jour n'est pas facile. Quand on perd une femme ou son bébé, c'est tout le service qui est touché. Ces sages-femmes se confient à moi en me disant qu'elles sont fatiguées et qu'elles veulent partir ailleurs, mais je pense que dans les autres services aussi les infirmières sont débordées». Certes, les décès et les complications sont en nette diminution ces dernières années, mais quand un service censé accueillir une douzaine de femmes par jour est submergé par un grand nombre de patientes, on ne doit en aucune manière infliger une culpabilité morale à ces femmes accouchantes et à ces médecins. Autre situation pénible et complexe, celle de voir des hommes exercer dans un service qui accueille uniquement des patientes. Et ils sont quelques-uns à avoir opté pour la spécialité gynécologie. Le médecin résident qui nous a parlé de problèmes du service, nous a révélé qu'effectivement certaines patientes ou leurs familles se réservent d'exprimer leur accord quand il se propose en tant que médecin, d'autres refusent et dans les cas les plus extrêmes, ces personnes protestent. «Au nom de la religion ou de certaines traditions, des hommes refusent que je consulte leur épouse. On a beau leur expliquer qu'on est médecin, ils ne veulent rien savoir, ils confondent dignité, machisme et science. Afin d'éviter les problèmes, je fais quelques exceptions mais à condition qu'un médecin femme soit disponible et me remplace».