Depuis un certain temps, le monde du travail est en effervescence. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu'une grève ou autre conflit social, sous-tendu souvent par des revendications salariales, ne vienne s'imposer sur la scène médiatique. Tout récemment, suite à la montée au créneau des travailleurs de la SNVI, la centrale syndicale a réussi à convaincre le gouvernement d'ouvrir le dossier des conventions de branches. Jusque-là rien à dire. Si ce n'est cette «confrontation» latente qui oppose, présentement en Algérie, deux conceptions du monde du travail. En effet, au moment où s'ouvrent les négociations de branches au sein des entreprises publiques, à Annaba, un autre conflit, totalement opposé dans son essence au premier, prend corps au niveau du complexe d'El Hadjar. Ici, ce sont des travailleurs qui entrent en conflit avec la multinationale qui les emploie pour sauver un secteur d'activité, la cokerie, et ses 300 postes d'emploi, que la direction d'Arcelor Mittal considère comme non indispensable à la bonne marche de l'usine. Pis encore, la direction du complexe poursuit le syndicat en justice considérant le mouvement de grève illégal. Au cœur de cette logique capitaliste, ce sont aussi les travailleurs de Djezzy, qui dénoncent les contrats que leur impose leur employeur. Autant à Arcelor Mittal qu'à OTA, c'est toute la philosophie du capitalisme pur et dur qui se dévoile. Une philosophie qui ne s'embarrasse guère de sentiments et où la seule matrice est le gain et toujours plus de plus-value. Un peu plus au sud, à Hassi Messaoud plus précisément, Meriem, en grève de la faim depuis plusieurs semaines, «s'éteint» devant l'indifférence de son empoyeur. C'est ainsi, l'Algérien, longtemps nourri aux «acquis» du système socialiste, découvre la dure réalité de l'économie de marché. Néanmoins, derrière la protesta des travailleurs de la SNVI et la grogne des employés de Mittal et de Djezzy, ce sont deux conceptions du monde de travail qui s'opposent. Qui s'affrontent ?