Les nouvelles ordonnances relatives au code de la route durcissent les mesures coercitives contre les piétons ne respectant pas les règles de la circulation routière. Aujourd'hui, ils sont soumis à une contravention de 2000 DA s'ils traversent une route en dehors du passage pour piéton. Mais pour Mohamed Lazouni, président de l'association Tariq Essalama, l'application de ces nouvelles ordonnances doit d'abord être précédée par une grande campagne de sensibilisation pour que cette opération de redéfinition du code de la route se réalise dans son fond et sa forme. «Durcir les mesures coercitives contre les personnes ne respectant pas les règles de la circulation routière, en les obligeant à payer des contraventions allant de 2000 à 6000 DA, ne règle en rien le problème du code la route qui nécessite d'abord une politique de prévention et de sensibilisation permanente dans les écoles, les universités et les entreprises ainsi que l'organisation de tables rondes, de séminaires de recyclage et de la formation», estime-t-il. Sans cela, M. Lazouni prévient que les Algériens seront rétifs à toute sanction pécuniaire. «Est-ce qu'on est en mesure aujourd'hui de sanctionner par une amende un citoyen qui a traversé la chaussée sans respecter le passage pour piéton?», s'interroge-t-il, d'autant que ces passages ne répondent pas, selon lui, aux normes. «Pour qu'une loi soit respectée il faut d'abord qu'elle soit respectable», fait remarquer M. Lazouni. Le Dr Smail Boulbina, président de l'association «Nejda», abonde dans le même sens. Selon lui, la répression n'a jamais servie à quelque chose. «Comment peut-on appliquer un règlement de cette manière et comment peut-on obliger un citoyen à payer une contravention s'il traverse la rue par ci ou par là », souligne M. Boulbina qui estime que cette nouvelle mesure de la circulation routière destinée aux piétons va provoquer des incidents entre le citoyen et le policier. « Il faut d'abord mettre les moyens nécessaires au profit des citoyens pour pouvoir appliquer ces mesures de répression. Je pense qu'on oublie que nous vivons en Afrique et non en Europe», tient à préciser le président de l'association «Nejda» tout en déplorant le nombre important de morts dans des accidents de la circulation. M. Boulbina qualifie cette nouvelle mesure répressive de «bêtise monumentale».