Lors de la deuxième et dernière journée du colloque international sur l'Emir Abdelkader, qui se tient à Alger depuis mardi, des intervenants ont proposé de faire connaître Abdelkader, l'homme. Martine Le Coz, écrivain française, notamment. «Tout le monde s'accorde à dire, superficiellement, que l'Emir est un grand personnage, comme si on parlait d'un personnage de théâtre. Mais pour le connaître vraiment, il faut se rapprocher de lui, se pencher sur son caractère», estime-t-elle. «Un personnage peut séduire mais c'est le caractère qui impose le respect. C'est le cas de l'Emir. Par son caractère, il a su forcer le respect, même celui de ses propres ennemis». A l'Amboise où il était détenu, explique-t-elle, il était en quelque sorte le «curé » de la ville. «Il a prouvé que les musulmans et les chrétiens pouvaient coexister sans se heurter. Des savants juifs, chrétiens, musulmans, des érudits, des philosophes, des officiers, sous-officiers, tous venaient le voir, le consulter, s'enquérir de son savoir. Pourtant, il s'était isolé quand la France l'a trahi. Cette France là qui a appris à l'aimer, à le respecter, presque malgré elle. Tardivement. L'Emir n'était pas seulement ce guerrier, ce chef d'Etat. C'était surtout un homme exceptionnel qui aimait et respectait profondément son prochain. C'est ce qui faisait sa force. «Son silence était une invitation à la méditation, à la découverte de soi-même et de l'attachement à Dieu. Dans le même sens, Zaïm Khenchelaoui, chercheur et anthropologue, assure que l'Emir disait qu'il ne fallait pas entretenir la haine, que la haine ne peut être ensevelie par la haine mais par la bonne parole. «L'Emir restitue les actes du prophète. Il a restitué, entre autres, l'acte de l'allégeance en l'effectuant sous un arbre, comme l'a fait le prophète. Sous l'arbre El Dardara qui porte en elle des symboles, cités mêmes dans le Coran. Car les feuillages de l'arbre symbolisent les origines de l'homme et son devenir. L'Emir conseillait son entourage de ne pas considérer les choses comme un but, mais comme conséquence de la sagesse que nous devons accomplir de bon cœur», souligne-t-il. Sur un autre registre, Amar Belkhodja, auteur de «L'Emir Abdelkader, ni sultan ni imam», évoque, pour sa part, l'impact de la pensée de l'Emir et de son œuvre sur l'Algérie d'aujourd'hui. «L'Emir avait un rêve. Celui de fonder un Etat. Il a mis les fondements de cet Etat mais n'a pas pu continuer, freiné dans son élan par la colonisation. Mais la Révolution de Novembre a pris la relève.