Le projet de loi sur la criminalisation du colonialisme français soumis à l'APN par un groupe de 120 députés, suscite davantage de réactions, notamment de la part des représentants de la famille révolutionnaire. L'Organisation nationale des moudjahidine, par la voix de M. Benelhadj, son chargé d'information, estime que cette démarche, si toutefois elle venait à prendre forme, traduit le souhait des moudjahidine « ayant toujours attendu une réaction de la part de notre parlement suite à la promulgation, en France, de la loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme ». A propos de l'article contenu dans le texte plaidant pour la mise en place d'une cour pénale qui sera spécialisée dans le jugement des criminels de guerre, notre interlocuteur contacté, hier, par téléphone considère que le plus important est de mettre en exergue « les méfaits de la France ». Pour cause, « ce qui irrite les moudjahidine c'est le fait que la France vote une loi sous prétexte que son œuvre coloniale avait une ambition civilisatrice ». Si toutefois cette loi venait à être adoptée par la chambre basse, « c'est de bonne guerre », lance-t-il. S'agissant du volet indemnisation des victimes comme que stipulé dans le projet, M. Benelhadj développe une tout autre opinion, en estimant « qu'il ne faut pas tomber aussi bas ». Il s'agit d'un point secondaire, pouvant être traité plus tard, si toutefois il est valable. Ce n'est pas l'argent qui compte mais la reconnaissance morale, déclare-t-il. L'association du 8 Mai 1945 se dit est, quant à elle, favorable à cette initiative, mais « il ne faut pas qu'elle s'inscrive sous un sigle politique qu'elle que soit sa teneur ». Pour M. Boukhrisia Kheïrddine, président de cette association, contacté aussi par téléphone, la démarche est positive, mais remet en cause la manière dont elle a été présentée. Selon lui, le projet a été « fait dans la précipitation ». Arguments avancés, avant de se lancer dans cette démarche, il faudrait, selon lui, ouvrir un débat autour de cette question, en associant les représentants de la famille révolutionnaire, ainsi que les juristes. En vue d'élaborer une loi qui ne souffre aucune ambiguïté, cela implique la « correction » de certains aléas qui bloquent, et la prise en compte de certains aspects, à l'exemple des conventions internationales que l'Algérie n'a toujours pas ratifiées et les accords d'Evian. Il expliquera à cet effet, qu'il ne faut pas omettre que les accords d'Evian ont amnistié tous les crimes commis durant la guerre de libération. Ce qui oblige nécessairement leur révision, et ce avant de vouloir juger les criminels de guerre, par la mise en place d'une éventuelle cour pénale spécialisée, comme le propose le texte de loi. De son avis, pour éviter de tomber dans un cercle vicieux, il faudrait se préparer à toutes les éventualités. Les députés français ont réussi à faire passer la loi du 23 février 2005, rappelle-t-il, parce qu'ils se sont penchés sur la question mémoriale durant de longs mois et le projet comporte plus de 200 pages. M. Boukhrisia se dit néanmoins contre la « récupération », allusion aux voix accusant le FLN de vouloir s'approprier la démarche. Il rappelle, dans ce sens, que l'association qu'il préside a proposé un projet similaire en 1990, pour justement criminaliser le colonialisme français, avant de préciser que le projet initié par les députés ne doit en aucun cas constituer une « réponse » à la loi du 23 février 2005. « Ce n'est pas une querelle de voisinage. L'idée s'inscrit dans une stratégie plus ancienne », déclare-t-il.