Le gouvernement français ne veut pas «interférer» avec le fonctionnement du Parlement algérien, après le dépôt par une centaine de députés algériens d'une proposition de loi criminalisant le colonialisme français, a déclaré mercredi son porte-parole, Luc Chatel. «Le gouvernement ne va pas interférer sur le déroulé du fonctionnement du Parlement algérien», a déclaré M.Chatel, en rendant compte à la presse des travaux du Conseil des ministres. «Je note simplement que cette proposition de loi a suscité de l'émotion dans notre pays. C'est une proposition de loi d'initiative parlementaire, qui n'a pas été reprise par le pouvoir exécutif algérien», a-t-il ajouté. Cent vingt-cinq députés de différents partis politiques algériens, dont le FLN au pouvoir, ont signé une proposition de loi criminalisant le colonialisme français (1830-1962). Avant M.Chatel, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a lui aussi fait remarquer mardi que l'Exécutif algérien n'avait «aucunement pris position» sur ce texte. En revanche, le secrétaire d'Etat à la Défense Hubert Falco l'avait qualifié d'«outrancier». L'annonce par l'APN de ce projet de loi visant à criminaliser le colonialisme a suscité des réactions d'incompréhension et de condamnation en France. Mardi dernier, à l'occasion de la ratification d'une convention de partenariat franco-algérienne, le projet de loi algérien a dominé les débats au sein de l'Assemblée française. Finalement, les députés ont ratifié le texte dans un climat de tension qui a obligé plusieurs ministres à s'exprimer sur la question. Les ministres du gouvernement Sarkozy ont tenté de relativiser la portée de la proposition de l'APN en précisant, notamment que le gouvernement algérien ne s'était pas encore prononcé sur le sujet. Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants, a qualifié la proposition de loi algérienne de «particulièrement inquiétante», «incompréhensible» et «outrancière». «Cette initiative portée par 125 députés algériens est particulièrement inquiétante et incompréhensible», a déclaré M.Falco devant l'Assemblée nationale. Mais «il s'agit d'une proposition de loi qui n'a pas été débattue par l'Assemblée algérienne et sur laquelle le gouvernement algérien ne s'est pas prononcé», a-t-il précisé. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé qu'il était prématuré de réagir à un projet de loi qui «n'est encore qu'en phase de conception et qui ne fait l'objet d'aucun soutien de la part des Algériens». «Il faut traiter avec sérieux le problème du dialogue et de la mémoire», a-t-il dit.