La présence coloniale en Algérie ne s'est pas contentée des opérations de répression massive qui ont jalonné une occupation d'un siècle et demi. L'éventail des agressions a pris des formes multiples. Le Sahara algérien fut ainsi l'endroit choisi pour des essais nucléaires dont on n'a pas fini de compter les effets néfastes. Aériens à Reggane en février 1960, puis en galerie à In Ekker au nord de Tamanrasset un peu plus tard, le total des explosions était de 17, le dernier remonte au 16 février 1966. Près d'un demi-siècle après, ils continuent d'avoir des répercussions négatives sur l'homme et l'environnement. Longtemps un voile de silence coupable a été jeté sur ces expériences qu'on cachait comme une tache sombre de la France. Elle a continué jusqu'en 1996 ses essais dans le Pacifique en prenant soin de les effectuer en souterrain. Un crime finit tôt ou tard par être dévoilé. Avec la remontée de la mémoire au milieu des années 90, le dossier des essais nucléaires a affleuré à la surface. Des témoignages de militaires et de civils algériens ont montré le peu de cas et de considération des autorités pour la vie humaine. De Gerboise bleue à Reggane à l'ultime essai Xouthos en Polynésie. Les témoignages ont fini par mettre à jour un mensonge d'Etat. Les émanations radioactives ont provoqué toutes sortes de maladies et des bébés ont été victimes de malformations congénitales. Les témoignages ont afflué pour montrer un nouveau et hideux visage du colonialisme et exiger vérité et justice. Une dynamique association est née en France et dans notre pays, des victimes se sont également manifestées dans les régions du Sud lors de colloques largement médiatisés. Les essais nucléaires aériens ou souterrains effectués au Sahara ont produit de grandes quantités de déchets, enfouis seulement à quelques centimètres de profondeur, et fait beaucoup de victimes. Leur nombre augmente souvent dans l'anonymat. A ce jour, aucune liste n'est établie. L'absence de dépistage et d'archives sanitaires occulte les innombrables maladies comme le cancer et les décès entraînés par les radiations. Les victimes ne sont pas seulement les habitants des zones où les expériences ont eu lieu, mais même ceux se trouvant loin. On estime à au moins 30 000 victimes algériennes de ces expériences. Mais depuis cette date, rien ou presque n'est fait pour se débarrasser de ce legs empoisonné. La France devait pourtant prendre sa responsabilité juridique et indemniser les victimes civiles algériennes. Outre l'aide technique pour la décontamination, elle est en devoir également d'ouvrir ses archives, mettre des noms sur tous les lieux secrets des explosions.