Photo : Makine F. Cinquante ans après les essais nucléaires effectués par la France dans le sud algérien, le crime se poursuit sur les habitants comme sur l'environnement de Reggane mais également de Hamoudia et de Aïn Ekker. «Ces essais ne sont pas seulement des crimes contre l'humanité mais également un crime d'Etat. De l'Etat français qui continue, 50 ans après ses essais nucléaires, de tuer des gens. Des tribunaux spéciaux doivent être créés pour pénaliser ce genre de crime», a estimé hier l'avocate, Fatima Ben Braham, au forum El Moudjahid consacré aux essais nucléaires à l'initiative de l'association Mechaâl el Chahid. La France avait programmé, poursuit-elle, ses essais bien avant 1960. En 1950, elle avait déjà choisi Reggane comme champ d'expérimentation. Huit ans après, Israël donne un coup de main à la France pour fabriquer une bombe atomique. Dans son rapport, un colonel français avait assuré à l'ONU notamment, que les habitants, la vie végétale et animalière du Sahara ne courraient aucun danger suite aux essais nucléaires, que l'endroit était totalement mort, qu'il y avait absence totale de vie. LES ALGÉRIENS, DES COBAYES «C'est un grand mensonge politique de la France. Jusqu'à 2005, elle a continué à dire qu'elle avait effectué des essais «propres» en Algérie», dit-elle avant d'ajouter : «en 1998, le traité de Rome a défini le concept du crime contre l'humanité. Il est dit que toute atteinte contre l'intégrité mentale et physique d'un groupe d'individus est un crime contre l'humanité. N'est-ce pas ce que le France a fait en utilisant des Algériens comme cobayes à ses expérimentations ?», s'interroge-t-elle. En effet, selon un reportage de la télévision algérienne réalisé par la journaliste Feïza Mokran, diffusé en exclusivité lors de ce forum, la France a utilisé 150 détenus comme cobayes ainsi que des civils de tous âges. Par ailleurs, dit-on dans ce reportage, dans son rapport publié en 2007, la France a affirmé n'avoir effectué aucune expérience nucléaire sur les animaux. Ce qui est complètement faux ! Nous avons découvert des cages contenant des restes d'animaux sur lesquels la France a effectué des expériences. Quant aux cobayes algériens, ils ont été enterrés avec les déchets nucléaires. Quant aux blessés, ils ont été évacués dans les hôpitaux français notamment pour suivre l'évolution de leur état, toujours à titre expérimental. Jusqu'à présent, nous n'avons aucune liste des victimes du nucléaire. Ce qui rend difficile notre tâche pour les aider à réclamer leur indemnisation.»