Barack Obama tend, pour la seconde fois depuis son discours du Caire du 4 juin 2009, la main au monde musulman, inquiet de la montée de l'islamophobie. Mettant à profit le septième Forum mondial Islam-Etats-Unis qui se tient à Doha, au Qatar, le président américain annonce la nomination de Rashad Hussain, un « brillant » juriste à la Maison Blanche, réputé comme spécialiste des questions de sécurité nationale, des nouveaux médias et des questions scientifiques et techniques, au poste d'émissaire auprès de l'Organisation de la Conférence islamique (57 pays). «En tant qu'avocat accompli et comme collaborateur proche et estimé de mon équipe à la Maison Blanche, Rashad a joué un rôle clef dans le développement des partenariats que j'avais souhaité mettre en œuvre au Caire », dit-il estimant avoir défini une « vision où nous assumons tous nos responsabilités pour construire un monde plus pacifique et en sécurité » et que les partenariats établis ou recherchés visent à « isoler les extrémistes violents, réduire la corruption et promouvoir la bonne ouvernance et le développement ». Missions assignées à ce diplômé d'études arabes et islamiques de Harvard : améliorer les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, bâtir des partenariats solides et combler les profondes divisions entre les sociétés, qui ont été entraînées par le passé dans un cycle de méfiance et d'incompréhension. Obama, qui se rendra le mois prochain en Indonésie, un pays où il a vécu dans son enfance, pour « continuer le dialogue » et « écouter », réussira-t-il à donner un « nouveau départ » à la relation des Américains avec les musulmans, dont beaucoup se sentent ciblés encore par la « guerre contre le terrorisme », l'invasion de l'Irak, les sévices d'Abou Ghraib ou Guantanamo, les menaces contre l'Iran ? La décision de George Bush, son prédécesseur à la Maison Blanche, de nommer en février 2008, Sada Cumber, un entrepreneur texan comme envoyé spécial des Etats-Unis auprès de l'OCI, l'entrepreneur, pour expliquer au monde musulman que « l'Amérique est son amie, qu'elle est l'amie de la liberté, qu'elle est l'amie de la paix et qu'elle accorde beaucoup d'importance à la religion », a été un flop. «Nous avons l'occasion sans précédent, dans le cadre tracé au Caire, d'établir une relation globale avec le monde musulman », déclare Hussain en marge du Forum estimant comme Obama que Washington qui a «mis fin de manière responsable à la guerre en Irak» est pour une solution au Proche-Orient basée sur deux Etats. Tout comme Bush. Même si l'actuel locataire de la Maison Blanche souhaite « travailler dur pour traduire les paroles en actes et écrire le prochain chapitre dans nos relations (...), basé sur le respect mutuel ». Ce vœu doublé de la désignation d'un émissaire spécial auprès de l'OCI ne semblent pas suffisant pour barrer la route à l'islamophobie qui monte en Occident. «Comment est-il possible d'engager un dialogue avec les musulmans et de prendre dans le même temps des mesures discriminatives à leur égard ? », s'est demandé dans son discours Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat et représentant personnel du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. «Il est nécessaire de répondre aux craintes fondées des musulmans », dit-il critiquant « l'interdiction des minarets et du voile » et exprimant l'espoir de voir « les promesses du président Obama traduites en actes » Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan fait d'autres réserves. Tout en critiquant les stéréotypes négatifs liant l'islam, une religion de paix, au terrorisme et estimant que le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme sont extrêmement dangereux, il se demande pourquoi « le monde musulman qui compte un milliard et demi de personnes est accusé » dès qu'un « incident isolé se produit ».