Obama n'en démord pas. Malgré l'échec de ses “ouvertures” sur le monde musulman, dû notamment à son alignement sur la politique outrancière de Netanyahu à l'égard de la question de la Palestine, le président américain ne désespère pas de rallier autour de sa personne les opinions arabo-musulmanes. Huit mois après le discours du Caire, dans lequel il avait appelé à un nouveau départ dans les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, Obama poursuit donc sa politique d'ouverture à un moment où les défis sont plus importants que jamais. Le président américain vient de nommer un émissaire à l'Organisation de la conférence islamique. À l'occasion du Forum islam Etats-Unis, tenu à Doha la semaine dernière, il a défendu son approche et son action dans une vidéo retransmise à l'ouverture de ce septième Forum mondial, et sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, devait y prononcer un discours où plutôt elle a cherché des appuis sur le dossier iranien. Dans son message, Obama n'a pris soin que de détails : il a commencé par un “salam aleikoum”, annonçant la nomination d'un monsieur OCI au sein de son équipe. Le locataire de la Maison-Blanche devait surtout préciser que son ambassadeur auprès de l'Organisation de la conférence islamique, Rashad Hussain, un avocat, est, selon ses propres termes, un “hafiz” du Coran. Obama a mis l'accent sur le fait que son représentant a appris par cœur le texte saint de l'islam. Apparemment, le président américain n'a pas admis que depuis son fameux discours du Caire, rien n'a changé dans le monde arabo-musulman quant à la perception de cette immense civilisation l'Occident, les Etats-Unis en particulier. Le bourbier irakien, l'envoi de nouvelles troupes de l'Otan en Afghanistan et la menace de nouvelles sanctions contre l'Iran, dont des frappes militaires qui se précisent d'étape en étape, sont mal perçus par le monde musulman, qui y voit la poursuite de la politique de George Bush. Même si les dirigeants de cette aire consentent contre leur gré, les opinions sont, elles, anti-américaines. Dans son message, Obama a certes reconnu que son pays est souvent entraîné dans un cycle de méfiance et d'incompréhension avec les musulmans, mais pas plus. Il a cependant admis que beaucoup reste à faire. Malgré l'absence de résultats concrets sur les grands dossiers diplomatiques, il a néanmoins défendu sa politique. En Irak, a-t-il dit, les Etats-Unis se sont attelés à mettre fin de manière responsable à la guerre. En Afghanistan, il justifie sa guerre au nom de l'éradication de l'extrémisme, et pour l'Iran, il prend à témoins quant au rejet de sa politique de main tendue par Téhéran. Hillary Clinton a d'ailleurs discuté à Doha avec ses interlocuteurs arabes dans le Golfe, pour les rassurer sur un probable déferlant chiite dans leur région. Mme Clinton a fait brandir la menace d'El-Qaïda dans le Golfe, pour expliquer les attaques de drones contre des cibles précises, notamment au Yémen, et qui sait où demain. Quant au conflit israélo-palestinien, le cœur même de la fracture musulman-Occident, Obama s'est contenté de réitérer l'engagement de la Maison-Blanche à la résoudre. Le président américain n'a pas soufflé mot sur l'absence totale de progrès depuis son arrivée au pouvoir.