Hillary Clinton réitère sa détermination à régler le conflit israélo-palestinien une fois pour toutes. Même si, dit-elle, « ni les Etats-Unis ni aucun pays ne peut imposer une solution ». La cheffe de la diplomatie américaine a bon espoir que cette année sera marquée par de « sérieuses négociations ». Pas seulement entre Israéliens et Palestiniens mais aussi entre les premiers et les Arabes, dit-elle, après avoir participé au Forum mondial Islam-Etats-Unis, à Doha. En tournée dans le Golfe pour plaider pour une «paix globale» au Proche-Orient, Mme Clinton, qui est déçue par le manque de progrès dans le processus de paix israélo-palestinien, a rencontré beaucoup de monde. Y compris le chef des négociateurs palestiniens Saëb Erakat pour l'informer de l'arrivée «dans les prochains jours» à Ramallah de David Hale, l'adjoint de l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell, pour rencontrer le président Mahmoud Abbas ébranlé par un «Fatahgate». Pour lui dire quoi ? Que la politique des Etats-Unis sur la colonisation n'a pas changé, tout comme l'engagement de l'administration Obama à un règlement sur la base de deux Etats « avec les Israéliens et les Palestiniens coexistant pacifiquement » ? Que l'administration américaine n'acceptera pas la légitimité des colonies israéliennes permanentes ? Qu'il faut faire confiance à Benjamin Netanyahu qui construit encore, en Cisjordanie, des logements dans un quart des colonies israéliennes, malgré le moratoire de dix mois qu'il a décrété fin 2009 ? De faire fi des déclarations du vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon conseillant à la minorité arabe d'Israël de vivre dans les futures frontières d'un Etat palestinien ou des propos d'Avigdor Lieberman qui estime que parvenir à la paix au Moyen-Orient grâce à des compromis territoriaux est une « illusion » ? Qu'il doit renoncer à ses menaces de démissionner si de nouveaux scandales comme ceux de Rafik al-Husseini, son directeur du bureau d'Abbas, abusant de pouvoir présumé, harcelant deux femmes qui postulaient pour un emploi dans son bureau, sont découverts ? Probablement tout ça et des clarifications sur la dernière offre de G. Mitchell : reprise des discussions indirectes avec les Israéliens pendant trois mois. L'Autorité palestinienne qui exige le gel de la colonisation, y compris à Jérusalem-Est annexée, avant de reprendre toute discussion directe, appréciera. Surtout si la rencontre des 13 groupes palestiniens, dont le Fatah et le Hamas, qui se sont réunis dans la bande de Ghaza, une première depuis deux ans, pour discuter de la réconciliation interpalestinienne, se solde par un consensus sur la tenue des élections générales en juillet prochain et la signature de l'accord de réconciliation discuté au Caire, avant le sommet arabe prévu les 27 et 28 mars prochain en Libye où l'initiative de paix arabe de 2002 sera sur la table. A Doha, Clinton a invité les pays arabes, notamment les voisins d'Israël, à relancer le processus de paix en panne, déployer des efforts pour promouvoir une paix globale et préparer une vision en vue d'un meilleur avenir pour tous les peuples de la région. Le Qatar semble avoir entendu cet appel. « Nous ne pouvons pas lancer un processus de paix sans nous asseoir tous à une même table avec Israël », affirme cheïkh Hamad ben Jassem Al Thani, le Premier ministre du seul pays du Golfe à entretenir des relations commerciales avec Israël.