Les militaires prennent le pouvoir à Niamey après plusieurs mois de tensions entre le président Mamadou Tandja et l'opposition. Ce coup de force – il n'est pas le premier après ceux de 1974, 1996 et 1999- était dans l'air depuis la tournée de Momouni Moureïma, le chef d'Etat-major dans les casernes pour mettre les soldats en garde «contre toute tentative de remise en cause des institutions de la République». La communauté internationale condamne. Une junte baptisée «Conseil suprême pour la restauration de la démocratie» s'installe au pouvoir à Niamey à la place de Mamadou Tandja qui est retenu avec plusieurs membres du gouvernement dans la caserne des bérets verts de Tonbidia, à 15 km de la capitale. Elle a suspendu hier la Constitution de la sixième République, dissout toutes les institutions qui en sont issues, fermé pour 24 heures les frontières du pays et demandé aux Nigériens de rester unis et de les soutenir. Saliou Djibo, le chef d'escadron de Niamey, serait président de cette junte. « Nous, forces de sécurité et de défense, avons décidé de prendre la responsabilité de mettre fin à la situation de tensions politiques que vous connaissez», déclare le colonel Goukoye Abdelkrim, le porte-parole de cette junte appelant l'opinion nationale et internationale à «soutenir» l'action «patriotique» des militaires pour «sauver le Niger et sa population de la pauvreté, du mensonge et de la corruption». Le vice-président du Mouvement national pour la société de développement, le parti de Tandja, attend des soldats qui n'ont pas précisé combien de temps ils pensent de rester au pouvoir, qu'ils soient «justes». Il a appelé hier les militants du parti à rester «sereins». Comme le reste de la classe politique du pays, il souhaite voir ce putsch déboucher rapidement sur une démocratisation. Comme pour montrer sa disponibilité, l'armée annonce la création d'un «conseil consultatif» pour travailler de façon «collégiale». Le Commissaire à la paix et la sécurité de l'Union africaine, Ramtane Lamamra, rappelle que «l'UA condamne l'usage de la violence pour tout changement de pouvoir politique, pour le Niger comme pour les autres pays». Dans un communiqué, M. Jean Ping, le président de la Commission de l'UA, affirme suivre « avec préoccupation les développements de la situation au Niger. Il appelle au «retour rapide à l'ordre constitutionnel» dans le pays. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) «condamne une fois de plus tous les actes destinés à parvenir ou à se maintenir au pouvoir par des moyens non constitutionnels». Les Américains et les Européens applaudissent discrètement. Ils estiment qu'en cherchant à se maintenir au pouvoir malgré l'opposition et les réserves de la communauté internationale, le président Tandja a provoqué cette demi-surprise pour la plupart des analystes. Tandja, qui présidait jusqu'à jeudi aux destinées d'un pays de 15 millions d'âmes dont près de 3 millions frappées par la crise alimentaire, même si le Niger recèle un sous-sol riche en or, fer, charbon, uranium et pétrole, comme le rappellent les Nations unies ne s'est pas attiré ces derniers temps que les critiques de la Cour constitutionnelle de son pays et de son opposition En déclarant vouloir nouer des relations privilégiées avec la Chine, l'Iran il s'est attiré des foudres de guerre en Occident. Notamment dans l'entourage d'Areva que Niamey accuse de financer la rébellion. Ce qui vient de se passer à Niamey confirmerait-il le retour de « l'épidémie de putschs » en Afrique ?