La question de la gestion rationnelle des ressources énergétiques de l'Algérie est d'une lancinante actualité. Les grandes orientations stratégiques qui sont celles du développement de la filière pétrolière, le projet d'augmentation de nos capacités de production et par là même de notre quota à l'exportation au sein de l'OPEP, et, enfin, l'offensive commerciale de Sonatrach à l'international, s'ils traduisent la volonté d'une plus grande valorisation des ressources, cela surtout à travers le développement d'une industrie pétrochimique à valeur ajoutée technologique, n'en posent pas moins la question relative à la nécessité, pour l'Algérie, de freiner ses élans exportateurs. Difficile de concevoir, présentement, l'équilibre financier de l'Algérie sans un recours intensif à l'exportation des hydrocarbures, celle-ci constituant l'unique source de richesse qui ait conséquemment vocation à couvrir les besoins de développement du pays, tout en lui permettant de répondre à ses besoins immédiats en importation de biens de consommation. Une telle réalité n'a pas besoin d'être étayée scientifiquement ou par des faits du terrain, elle est structurellement la condition de l'économie algérienne et c'est, justement, cette condition qui justifie la mobilisation de la manne pétrolière en vue de concrétiser un développement multisectoriel qui sorte l'Algérie de la monoexportation et à défaut de l'importation de 90% de ses besoins en équipements et en consommation. Mais voilà, la question qui se pose aujourd'hui, sans donner l'impression de vouloir contrecarrer la destination de l'argent du pétrole -une option qui demeure sans alternative-, c'est celle concernant des ressources en déclin dont on tendrait, paradoxalement, à faire en Algérie le terrain de déploiement d'une politique de développement des exportations. Une question exprime autrement cette idée : l'Algérie peut-elle s'offrir le luxe d'augmenter ses exportations de gaz et de pétrole dans un contexte énergétique d'épuisement des ressources ? Il est clair que, posée de cette façon, la question n'admet qu'une seule et unique réponse : oui, l'Algérie doit rationaliser la gestion des hydrocarbures pour préparer ses propres besoins futurs. Pour l'heure, rationaliser signifie n'exporter que les quotités à même de financer l'effort de développement. Envisager d'aller plus loin signifie que l'Algérie aura réussi à se donner une économie diversifiée et créatrice de richesse. Cela alors vaudrait son pesant d'or…noir.