Photo : Slimene S. A. Contrairement à ce qui se dit çà et là, l'avenir de la réconciliation nationale «n'est pas compromis», puisque le premier magistrat du pays vient de décider des mesures complémentaires à la charte pour la paix et la réconciliation nationale dont le délai a expiré il y a plusieurs mois. Seul habilité à trancher le sort de ce projet national, le président de la République a agi en application à l'article 47 de ce texte lui permettant d'édicter des mesures supplémentaires en vue de résoudre les dossiers en souffrance, en déléguant le Premier ministre M. Ahmed Ouyahia. Cette confirmation a émané, hier, de Maître Azzi Merouane, avocat président de la cellule judicaire chargée de la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, lors de son passage au forum d'El Moudjahid. Le chef de l'Etat a pris cette décision au mois de janvier dernier, indique l'orateur, expliquant que des textes d'application vont intervenir très prochainement à propos notamment de l'indemnisation des familles des disparus et des terroristes n'ayant pas pu obtenir les PV des décès de leur proche lors de la tragédie nationale. En tout, 100 dossiers vont être pris en charge incessamment, dont 40 à Alger, 20 à Bouira, 18 à Tizi Ouzou, 15 à Jijel, 7 à El Oued, 6 à M'sila et 5 à Batna. Les concernés devront s'approcher des 48 commissions de wilaya chargées du suivi de cette charte, poursuit maître Azzi ,en évoquant aussi les cas des personnes licenciées de leur travail pour des considérations liées à la tragédie nationale. En vertu de ces nouvelles mesures, ces derniers verront leurs années perdues durant cette période comptabilisées au titre de leur retraite. Plus de 3455 cas bénéficieront de cette décision, indique-t-il en précisant que certains ont été déjà réintégrés dans leur ancien poste de travail. En somme, M. Azzi certifie ainsi que le délai imparti à la charte a été bel et bien prorogé et le processus de la réconciliation nationale entame sa phase finale avec le règlement de plus de 30.000 dossiers. Ce projet approuvé par voie référendaire a été achevé à 90%, affirme-t-il. FRANCE : «PROVOCATION ET VILS CHANTAGES» Revenant au thème de la conférence portant sur les réformes de la justice et les libertés individuelles et collectives, M. Azzi profite de l'occasion pour démentir l'existence de prisons secrètes en Algérie, en précisant que la garde à vue est fixée à 48 heures, avec possibilité de prorogation de cette période pour certains crimes et ce sous le contrôle du procureur général. En réponse aux organisations internationales, l'orateur affirme encore l'inexistence de tortures au sein de nos établissements pénitentiaires, sans pour autant faire état de quelques cas «isolés». Selon lui, l'objectif de ces organisations est «malsain». Sur un autre registre, M. Azzi ne cache pas son adhésion à l'idée de la criminalisation du colonialisme français. «De l'affaire du diplomate algérien, à celle des moines de Tibhirine, en passant par la liste des 14 pays à risque», la France enchaîne les «dérives», estime-t-il en qualifiant cela de «provocation et de vils chantages». Au sujet du Mali ayant libéré de grands criminels sur pression de la France pour pouvoir récupérer ses otages détenus par un groupe de terroristes, Azzi estime que cet acte est «un coup dans le dos de l'Algérie» contredisant les principes sur lesquels ont été fondées les relations entre les deux pays. Par ailleurs, le conférencier affirme qu'effectivement l'évangélisation prend des proportions alarmantes en Algérie. Le but, selon lui, c'est de constituer une minorité chrétienne algérienne qui sera utilisée à l'avenir comme «carte de pression contre l'Algérie».