Il faut proroger le délai. » « Non ! Il faut respecter le délai imparti, tout en laissant les portes ouvertes. » « Mais non ! Le délai est suffisant, il faut plutôt brandir l'épée d'El Hedjadj contre les irréductibles. » La classe politique nationale est partagée sur la question de la prorogation du délai accordé par la charte pour la paix et la réconciliation nationale aux terroristes pour se rendre. Un délai qui, conformément aux textes d'application de ladite charte, expirera demain à minuit. Occultant sciemment la vraie question portant sur le bilan de la mise en œuvre de cette charte, les partis politiques ont nourri, durant près d'un mois, une polémique limitant le débat autour du projet présidentiel au seul respect ou pas du délai accordé aux terroristes. Une polémique dont les tenants et les aboutissants demeurent inconnus pour l'opinion nationale. En attendant la sortie du chef de l'Etat qui devrait trancher définitivement la question, c'est le parti du pouvoir, en l'occurrence le FLN, qui mène une campagne, tambour battant, en faveur de la prolongation dudit délai fixé au 31 août par les textes de la charte. Ce parti, dont le secrétaire général n'est autre que le chef du gouvernement, tente de baliser le débat en multipliant sorties et rencontres avec des chefs de formations politiques en vue de les rallier à sa position. En effet, le premier responsable du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a affirmé à maintes reprises que seul le président de la République dispose des prérogatives de décider des suites à donner à ce sujet. Toutefois, il se dit partisan de l'option qui permettrait de laisser ouvertes les portes de la réconciliation aux « égarés ». Pour le FLN, avant même que les résultats de la réconciliation soient rendus publics, « le bilan est très positif ». Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, a évoqué, lors de sa récente sortie, la reddition de seulement 250 à 300 terroristes sur les 700 écumant le maquis. En tout cas, la position du FLN est partagée par le MRN de Abdallah Djaballah, un parti, dont les activités sont gelées par décision de justice, il y a près de deux mois. Le Parti des travailleurs (PT) soutient aussi l'option du prolongement du délai en estimant que « la réconciliation a réalisé des avancées considérables permettant le retour de la paix et la stabilité ». Pour sa part, le MSP s'est montré ambigu. Défendant le respect des délais impartis, le parti plaide, par ailleurs, pour laisser les portes de la « rahma » ouvertes « aux probables personnes voulant remettre les armes à tout moment ». Cependant, ce parti partage, comme le FLN et le RND, le fait que seul le chef de l'Etat est habilité à prendre les décisions qu'il trouve adéquates en se référant à l'article 47 du texte de la charte lui conférant toutes les prérogatives. Une manière d'éluder tout débat contradictoire pouvant émaner des partis de l'opposition. Car un avis contraire proviendrait normalement de cette opposition, d'autant que les partis au pouvoir ne font jamais leur mea-culpa. Pour le FNA et le MDS, il n'est pas question de renouveler l'échéancier aux terroristes. « Le délai est largement suffisant », a estimé Moussa Touati, président du FNA. La critique vient du FFS et du RCD, deux partis qui ont rejeté le texte en amont. Selon les responsables du FFS, « le pouvoir continue à mentir au lieu d'avouer son échec ». Le plus vieux parti de l'opposition ne veut pas entendre ce débat qui se situe, selon lui « sur un terrain policier et non politique ». Ce même débat, estime le RCD, « ne résout pas les problèmes des Algériens qui restent en l'état ».