La villa Abdeltif a été sauvée de l'oubli et de la régression... La villa Abdeltif constitue une des brillantes réalisations au service de l'art à inscrire au compte du ministère de la Culture. La villa Abdeltif a été sauvée de l'oubli et de la régression comme l'ont été si bien les galeries algériennes devenues l'imposant musée national des arts modernes et contemporains qui fait le renom et le prestige international de l'Algérie. La villa Abdeltif a été sauvée comme l'a été aussi Dar El Hamra, ce splendide palais qui a retrouvé tous ses lustres d'antan grâce à une judicieuse restauration et qui abrite aujourd'hui si fièrement, l'agence nationale de recherches en archéologie. La villa Abdeltif a été sauvée à l'image du prestigieux palais Mustapha Pacha, un joyau architectural de la Casbah, entièrement remis en état et qui abrite aujourd'hui le musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie. La villa Abdeltif qui reprend vie, c'est la personnalité de la ville d'Alger qui se confirme et s'épanouit. Ce magnifique ensemble architectural qui évoque le style de construction légendaire de l'Algérie profonde, se situe dans un des quartiers le plus verdoyants et des plus calmes de la capitale. Bien mieux, alors que les autres zones urbaines de la ville d'Alger sont surchargées et ont été le théâtre de grandes transformations, l'espace environnemental de la villa Abdeltif est resté pratiquement le même, comme il l'a toujours été depuis des siècles. Il semble que tout autour se soit reconstruit, réédifié, retransformé, alors que les alentours de la villa Abdeltif ont été épargnés et sont restés cet îlot et ce havre de paix qui a toujours existé depuis la nuit des temps. En effet, la villa Abdeltif a été édifiée sur les versants d'une colline dont la couverture végétale n'a jamais changé. Sur ses hauteurs domine toujours la dense et luxuriante forêt de pins où les lions de Numidie rugissaient encore avant la période de la colonisation française. Cette forêt a de tout temps été un lieu sauvage, peu fréquenté. Le penseur et philosophe espagnol. Cervantès a trouvé refuge au XVIe siècle, fuyant ses geôliers au temps où il a été captif, avant de pouvoir s'évader. C'était donc pour lui, un lieu sûr. Cette forêt ou se situe la villa Abdeltif est toujours un endroit calme, loin des bruits de la ville. Elle est un nid de verdure en toute saison. Sa situation sur les hauteurs lui permet d'avoir une vue imprenable sur la mer qui apparaît si divinement, par morceaux, à travers le feuillage des arbres, comme dans un beau tableau de peinture. Avec de telles dispositions naturelles, l'inspiration des artistes et la muse des poètes ne peuvent que s'attiser, se développer et s'épanouir. Ce sont ces éléments qui ont contribué à l'origine de la création de la villa Abdeltif au bénéfice des artistes. Cela remonte au début du XXe siècle. La formule consistait à permettre à des artistes peintre de métier, de pouvoir séjourner pendant une longue période. L'objectif était de donner l'opportunité à ces artistes de mettre en œuvre leurs capacités et leur potentiel de créativité et ceci, dans un environnement idéal où s'accumulent le calme, la paix, le confort, le silence. UN LIEU POUR L'ÉPANOUISEMENT DU PATRIMOINE C'est cet esprit qui est restauré maintenant grâce aux efforts du ministère de la Culture. L'artiste peintre trouve aujourd'hui dans la villa Abdeltif un espace où il peut le mieux exercer son art. Des ateliers sont à sa disposition avec le matériel nécessaire. La lumière qui est son accompagnatrice inconditionnelle règne ici tout le long de l'année et en toute saison. Cette brillante clarté existe en permanence aussi bien à l'intérieur des salles qu'en plein air. Ici, l'artiste peintre travaille dans l'aisance, dans des surfaces larges et spacieuses, loin de toute exiguïté. Mieux, l'artiste peintre est hébergé sur place. Il est logé confortablement dans des apparteents qui ont été conçus pour lui. Il a à sa disposition une cuisine pour ses repas. Avec ces bonnes conditions qui le débarrassent des soucis de déplacement, l'artiste peintre consacre tout son temps à sa créativité. Mieux, il travaille à son aise, usant ses moments à sa convenance et pouvant travailler à des heures avancées du jour et de la nuit. Il n'est jamais dérangé. Le personnel discret de la villa veille à son confort et sa sécurité. Ce sont ces conditions idéales pour la créativité qu'ont trouvées les premiers artistes peintres locataires de la villa Abdeltif, juste après sa restauration. L'événement de la deuxième édition du festival culturel panafricain leur a donné cette occadion. Ainsi, trois artistes y ont séjourné pendant plusieurs mois, deux Africaines et un Algérien issu de l'émigration. Les œuvres qu'ils ont créées y sont encore en exposition. Les Africains, par leur travail artistique, nous ont fait saisir les aspects de notre vie en société que nous ne voyons pas. C'est ainsi qu'avec une patience infinie, une installation gigantesque a été réalisée avec des sacs en plastique, de cannettes de limonade et de bouteilles en plastique. L'idée est de nous faire prendre conscience, par ce remarquable travail artistique le danger que représente cette agression de l'environnement. Le second artiste peintre africain nous a ouvert les yeux sur l'originalité des styles de portes de la ville d'Alger. Quant à l'artiste peintre algérien, il a mis à profit son séjour en Algérie pour retrouver ses racines et s'attacher davantage à son pays d'origine. Il peint des portraits gigantesques de ses ancêtres sur les murs. Ces expériences sont à renouveler. La villa Abdeltif est donc un lieu et un espace où notre patrimoine culturel et civilisationnel peut être le mieux mis en valeur. Le patrimoine est ainsi raconté et illustré à travers la créativité dans les arts plastiques. La villa Abdeltif continuera à recevoir des pensionnaires. L'agence nationale pour le rayonnement culturel, agence rattachée au ministère de la Culture, veillera à la sélection de ces pensionnaires. Des critères de candidature sont déjà bien mis en évidence. Les futurs pensionnaires n'ont qu'à se présenter et vivre cette magnifique expérience qui les enrichira non seulement personnellement mais élargira également leur contribution au développement l'épanouissement de l'art national.