Cette restauration, au vu d'une étude réalisée par un bureau d'études national, porte sur l'assainissement, l'étanchéité, le revêtement des sols et des murs ainsi que sur les corps d'état secondaires. Les travaux de restauration de la Maison des artistes, plus connue sous le nom de villa Abdeltif, débuteront fin septembre. “Les travaux de consolidation et même de petite restauration ont déjà été entrepris”, a indiqué Mme Badia Sator, directrice de la culture de la wilaya d'Alger, tout en nous confiant qu'un bain turc a été découvert durant les travaux de fouilles. Cette restauration, au vu d'une étude réalisée par un bureau d'études national, porte sur l'assainissement, l'étanchéité, le revêtement des sols et des murs ainsi que sur les corps d'état secondaires, notamment la plomberie sanitaire, la menuiserie bois et aluminium, l'électricité, la peinture et la vitrerie. “Cette villa, comprenant un jardin fabuleux qui se veut une continuité du jardin d'Essais de par la variété des espèces existantes, reprendra sa fonction initiale, c'est-à-dire abriter des ateliers de peintres”, a déclaré Mme Sator. Et d'ajouter : “Nous ambitionnons d'en faire aussi un lieu de séjour pour les plasticiens de la Méditerranée de passage à Alger.” L'opération de réhabilitation et de restauration de la Maison des artistes a été saluée par les artistes. “C'est une louable initiative. Ce sera un lieu de rencontre qui permettra d'échanger nos expériences plastiques avec les artistes nationaux et, notamment, étrangers lors de leur séjour”, a souligné la plasticienne Souhila Belbahar, l'une des doyennes des femmes peintres algériennes et descendante des Abdeltif. Pour le miniaturiste Ali Kerbouche, “c'est une très bonne chose de restaurer cette villa très célèbre qui a inspiré beaucoup de grands peintres et qui constitue un lieu très propice à la création”. “Les peintres Bourdine, Ziani, Rachid Djemai, Denis Martinez et moi-même avons travaillé dans ces lieux”, a encore déclaré Ali Kerbouche, ajoutant que le peintre espagnol Charles Ortega a été aussi pensionnaire de la villa au cours de l'année 1986. L'artiste, a-t-il précisé, a préparé lors de son séjour une exposition sur les paysages algériens qu'il a présentée au Musée national des beaux-arts d'Alger. Située dans le bois des Arcades, au-dessus du jardin d'Essais et à proximité du Musée national des beaux-arts, la villa Abdeltif, classée en 1922 monument historique, a été construite en 1715 et avait appartenu à des notabilités de la régence d'Alger dont Hadj Mohamed Khodja, ministre de la Marine. Cette demeure, aux riches colonnades et à la cour décorée de brillantes céramiques, fut successivement achetée par l'épouse d'un secrétaire général de l'Administration turque avant d'être acquise en 1795 par les Abdeltif, une famille algéroise, pour la somme de deux mille dinars d'or. Elle servit pendant quelque temps de lieu de convalescence aux soldats de la Légion étrangère. Récupérée par les Abdeltif en septembre 1834, qui la louèrent à un commerçant nommé Mouchi Ben Cherebi Boucaya, la maison fut achetée par les Domaines, qui la louèrent à la compagnie fermière du jardin d'Essais jusqu'à l'année 1907, où elle devient la Maison des artistes venus de France qui découvrent la lumière éblouissante des lieux. Les pensionnaires, désignés, après concours, par un jury comprenant des amateurs d'art et des artistes, sont logés en famille pour une période de un, puis deux ans et disposent d'ateliers individuels spacieux et clairs ainsi que d'une salle d'exposition où ils présentent leurs œuvres. La villa Abdeltif, comparée souvent à la villa Médicis (Italie) ou à la casa Vélasquez (Espagne), où le peintre Bachir Yellès fut pensionnaire dans les années 1950, a ainsi servi de résidence à de nombreux plasticiens dont les peintres Charles Dufresne, Paul Jouve, Jacques Simon, Paul Elie Dubois, Léon Cauvy, les sculpteurs Charles Bigonnet, Chapuy, Ludovic Pineau et Jean Carton, les graveurs Adolphe Beaufrère et Jean-Marie Albagnac. “Tous ceux qui ont séjourné à la villa Abdeltif sont convaincus qu'ils doivent beaucoup à ces années passées dans un pays à la fois méditerranéen et oriental, certains ne sont pas éloignés de croire que le séjour en terre africaine fut décisif dans la formation de leur talent. Les uns et les autres recherchent le style beaucoup plus que le pittoresque”, est-il noté dans l'ouvrage de Louis-Eugène Angéli consacré à cette demeure qui a reçu souvent des personnalités du monde des arts et des lettres tels que Georges Duhamel, André Maurois ainsi que l'architecte de renom, Le Corbusier. APS