«Je suis prêt à être candidat à la présidentielle de 2011 si le peuple me le demande», annonce Mohammed ElBaradei, 67 ans, l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur la chaîne de télévision Dream TV. «Peu importe qui se présentera contre moi à l'élection », dit-il convaincu que Hosni Moubarak, à la présidence depuis 29 ans, ne l'emporterait pas « si le scrutin était libre ». «Que quelqu'un comme moi ne puisse pas se présenter à la présidentielle, c'est un désastre. Comment une Constitution peut-elle empêcher 99% des gens d'être candidats ?», s'est-il interrogé. Le pouvoir est inquiet. Et pour cause ! Le prix Nobel de la paix qui veut être « l'instrument de changement» ose demander « la démocratisation » de l'Egypte, un accès aux services médicaux et à une bonne éducation pour tous et moins de corruption et de pauvreté.Moubarak, qui préparerait son fils cadet Gamal, âgé de 44 ans, pour lui succéder, accepterait-il d'amender la Constitution qui impose aux candidats indépendants d'obtenir l'appui de 250 élus, dont au moins 65 membres de l'Assemblée nationale, 25 du Conseil consultatif (Sénat) et au moins dix élus municipaux ? Pas évident.Les médias qui encensaient hier le Nobel de la paix et l'Egyptien qui s'est exprimé contre les Etats-Unis lors de la guerre d'Irak, le vitupèrent. L'ex-patron de l'Agence onusienne est présenté comme « étranger à son pays », « un incapable de gérer les affaires intérieures » et même comme un « facteur d'instabilité pour l'Egypte ». Moustafa el-Fekki, un haut responsable du Parti national démocrate, au pouvoir, résume cette position : «la stabilité est une bonne chose et ce que nous connaissons est mieux que ce que nous ignorons», dit-il. De nombreux observateurs et analystes estiment que le retour d'El-Baradei qui ne pourrait être combattu par des articles d'une presse, pourrait marquer un tournant dans la vie politique égyptienne et même chambouler les plans échafaudés par la dynastie Al Moubarak pour la succession de Moubarak.