Ce qui compte pour certains chauffards, surtout les jeunes, c'est de faire le plus d'argent possible. Pour ce faire, ils prennent des risques énormes au détriment de la vie de leurs clients. 23,52% des accidents mortels survenus l'année dernière sont provoqués par les chauffeurs de transport en commun dans la wilaya de Tipasa. C'est ce qu'indiquent les statistiques de la gendarmerie nationale qui divulguent aussi que les dégâts humains s'évaluent à huit morts et 18 blessés. "Ce bilan macabre ne surprendrait personne de nos jours. En disant cela, je n'use nullement de l'humour noir, mais ce bilan dénote on ne peut mieux le danger que représentent certains chauffeurs de bus qui, dénués de toute conscience, exposent au péril la vie des voyageurs par leur comportement qui frise souvent l'inconscience", réagit Ahmed, un citoyen de Tipasa en prenant connaissance du bilan arrêté par la gendarmerie nationale. Son ami Nabil, tout en nuançant, affirme, quant à lui, qu'à chaque fois qu'il prend le bus, il a toujours la peur au ventre. "Ce qui compte pour certains chauffards, surtout les jeunes, c'est de faire le plus d'argent possible. Pour ce faire, ils prennent des risques énormes au détriment de la vie de leurs clients. Par exemple, ils n'hésitent pas à effectuer des dépassements dangereux ou pire se lancer dans des courses avec d'autres bus pour arriver le premier à un arrêt de bus. Pendant ce temps, ni les remarques que leur font les voyageurs, encore moins les klaxons des véhicules qu'ils mettent au passage à rude épreuve ne les en dissuadent. C'est dire que la vie humaine ne vaut rien à leurs yeux", constate Nabil. Et d'ajouter : "ce comportement indigne est observé le plus chez les chauffeurs de microbus". Parmi les causes principales des accidents impliquant les bus, tous types confondus, le bilan de la gendarmerie nationale fait état, entre autres, du non-respect de la distance réglementaire, les dépassements dangereux, le non-respect des plaques indiquant le stop, les arrêts non réglementés ce qui cause des obstructions à la circulation routière, la surcharge ainsi que les avaries touchant le système de freinage. Pour autant, c'est dans les grands axes de la wilaya, sur les RN11, 67 et 42 que l'on constate le plus d'accidents causés par les chauffeurs de transport en commun. "Lorsque j'emprunte la RN11 pour rejoindre le chef-lieu de Tipasa, je prie Dieu pour que je ne croise pas sur mon chemin les chauffeurs de microbus, car ils me font vraiment peur, surtout lorsqu'ils quittent l'arrêt de bus. Ils se croient tout permis. Combien de fois j'étais obligée à freiner brusquement pour les éviter. Ils se croient vraiment les rois de la route, alors qu'en vérité ils ne font que nous terroriser", confie une dame de Tipasa. Si cette dernière ose conduire son véhicule pour affronter l'inconscience des fous du volon, ce n'est pas le cas de sa copine qui pour se rendre à son travail à Alger fait conduire sa voiture par son frère. "J'ai acheté un véhicule il y a de cela deux ans. Je me suis dit alors, c'en est fini avec la fatigue des bus, mais apparemment je me suis lourdement trompée. Pour preuve, j'ai essayé de prendre ma voiture pour me rendre au boulot à Alger. A peine j'ai quitté la ville de Tipasa qu'un bus déboulant à vive allure derrière moi a tenté de me dépasser. Seulement il y avait un autre véhicule qui venait en sens inverse, alors pour éviter l'accident, j'ai quitté complètement la chaussée tandis que le bus a continué son trajet avec insouciance. Depuis ce jour, je n'ai plus reconduit", confiera-t-elle. "A mon avis, pour que ce terrorisme cesse, il faut que les chauffeurs de bus suivent des formations et passent des examens de conduite stricts pour qu'ils puissent prétendre reconduire à nouveau", suggère Ahmed, le premier interlocuteur.