Photo : Fouad S. Devant l'absence de marchés de proximité, le nombre de marchés informels continue d'augmenter au grand bonheur des consommateus et des petites bourses. A ce type d'activité permanent s'ajoute les marchés hebdomadaires ou bihebdomadaires tenus en dehors d'un cadre légal dans les banlieues des grandes villes. Dans ces lieux tout se vend. Cela va des produits maraîchers à l'alimentation générale en passant par les textiles, les cosmétiques et les détergents. «Les deux tiers des consommateurs algériens achètent au niveau des marchés informels. Les bas prix des produits proposés constitués essentiellement de produits importés (autour de 80 %), sont le véritable facteur de la réussite de ces espaces dont le nombre global a atteint 1500 marchés à l'échelle nationale. Pour la seule wilaya d'Alger on compte 120 espaces organisés sur des trottoirs, des stades communaux, à proximité des mosquées, des établissements scolaires ou des APC», observe le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj-Tahar Boulenouar.Les activités commerciales informelles qui ont fait irruption dans les années 90 comptent selon le porte-parole de l'UGCAA 1,5 million de vendeurs contre 1,3 million pour le secteur officiel. «Ce phénomène génère beaucoup de transactions au détriment du trésor public. D'après nos estimations, l'Etat a perdu en 2009, plus de 250 milliards de DA en matière de recouvrement d'impôts», affirme-t-il. Le ministère du Commerce évalue ce chiffre à 55 milliards de DA. Mais le danger, selon le porte-parole de l'UGCAA réside dans le fait que «l'informel qui vit des importations et de la contrebande a vu ses activités s'élargir à l'immobilier et au tourisme». LES APC S'EN LAVENT LES MAINS Pour les pouvoirs publics, l'informel est devenu un véritable casse-tête que résume bien la réaction de la majorité des responsables d'APC. Ceux-ci se refusent à prendre la responsabilité d'interdire ces marchés au risque de se retrouver face à une réaction colérique des vendeurs. La paix sociale a un prix. Certains P/APC précisent même que toute interdiction relève des prérogatives des forces de l'ordre. Quelques rares communes sont arrivées cependant à mettre le holà, à l'image de celle d'Alger-Centre. Le vice-président chargé des affaires sociales et de l'environnement, M. Bettache, estime que «la commune est responsable de l'existence d'un marché informel qu'elle doit combattre avec le concours les forces de l'ordre». A Alger centre «les deux points de prédilection des commerçants illégaux, en l'occurrence la rue de Tanger et la rue Larbi Ben M'hidi, sont sérieusement contrôlés et dès qu'on s'aperçoit d'une quelconque tentative d'installation de vendeurs, nous prenons attache avec la police qui arrive sur le champ pour les déloger», précise le vice-président. A un niveau supérieur on préfère une autre méthode. «l'Etat a décidé de créer un réseau national de distribution. Il s'agit de construire 35 marchés de gros, 800 marchés de détail et 1000 autres de proximité et ce, sur un échéancier de cinq ans (2009-2014) », indique M. Tifour, chargé de communication au niveau du ministère du Commerce. La réalisation de ces infrastructures nécessitera une enveloppe budgétaire de 47 milliards de DA. Selon lui, mettre un terme à cette activité «passe impérativement par l'aménagement de marchés dans les cités nouvellement construites». En attendant, l'UGCAA continue toujours de revendiquer une réduction de la TVA, actuellement à 17%, pour pouvoir tenir tête à l'informel.