Que devient Mohamed Djouad ? Je suis représentant président du GSP, (groupe sportif des pétroliers), une association créée et décidée en juin 2008 par la Sonatrach qui regroupe 13 disciplines sportives et pas le football dont le sigle a été définitivement remis au Mouloudia d'Alger. Est-ce à dire que vous êtes totalement déconnecté du football ? Pas du tout puisque je demeure toujours membre de l'assemblée générale du MCA. Fidèle supporter et serviteur de l'équipe mouloudéenne, je continue à apporter l'aide et le soutien nécessaires, en fonction de mes moyens personnels notamment en aidant le Mouloudia à bénéficier des sources de financement par le biais de sponsors et des relations personnelles. Aussi, il m'arrive d'intervenir en cas de conflits. Je n'omettrai pas de profiter de l'occasion pour remercier tout le monde qui m'écoute et me voue beaucoup de respect. Un respect qui m'a permis de régler certaines difficiles situations. Allez-vous au stade voir le Mouloudia jouer ? Je ne peux pas me le permettre, car hypertendu et trop passionné. Toutefois, je garde un œil attentif à tout ce qui touche de près ou de loin au Mouloudia. Si le devoir vous appelle, seriez-vous tenté de reprendre le poste de président ? Mon retrait du poste en question est définitif et murement réfléchi. D'abord en raison de mes responsabilités au sein du GSP ensuite à cause de quelques problèmes de santé. Vous étiez un athlète confirmé. Pouvez-vous leur retracer votre parcours sportif ? C'est en suivant la formation de maître d'EPS au CNEPS de Ben-Aknoun durant la saison 67/68 rendue possible grâce au détachement de la Gendarmerie nationale, dont j'étais un élément actif, que j'ai fait mes débuts en tant qu'athlète. J'avais un peu plus de 24 ans, et je me suis découvert presque en m'amusant à l'occasion des compétitions intra-muros appelées inter-promos, des qualités innées dans le domaine du sprint. Naturellement résistant, j'ai vite fait d'émerger nettement aussi au 200 m, 400 m et au 400 m haies. Pour ma première course, je remporte déjà une nette et imposante victoire sur 400 m. Depuis, ma voie était toute tracée. En 1969, je décroche sous les couleurs de la GN le titre de champion d'Algérie des 200 m, 400 m haies et 400 plat. Par quoi aviez-vous également étoffé votre palmarès ? De 1969 à 1974, j'ai été champion d'Algérie notamment sur 400 m où je n'ai jamais été battu en Algérie tout au long de ma carrière, y compris par les athlètes étrangers. C'est sur la piste cendrée du mythique stade que j'ai amélioré le record national en 48''1, qui n'a été battu que sept ans plus tard en 47''7 par Sidi Ali Djouadi. J'ai également été champion maghrébin en 1969 en Libye et en 1972 en Tunisie. Quand avez-vous tiré définitivement un trait sur votre carrière d'athlète ? C'est en 1973 à l'âge de 30 ans à l'occasion d'un 400 m haies couru dans le temps record de 54''. J'aurai pu ajouter une ou deux autres années, mais c'était quasiment impossible de par mon affectation à Laghouat, où la pratique de l'athlétisme était pratiquement inexistante. Quand avez-vous finalement entamé votre carrière de dirigeant sportif ? Avant de répondre à cette question, sachez que j'ai suivi en 1972, à Leipzig (ex-RDA), la formation d'entraîneur d'athlétisme de haut niveau. Je l'ai débutéd en 1972, lorsque rappelé par M. Ghozali, l'ex-PDG de Sonatrach me confiant le poste de responsable du sport de masse à la Sonatrach. Vous avez rejoint par la suite le MCA. C'était quand et pour quel poste ? En 1982, lorsque j'ai eu à occuper la responsabilité de DTS (directeur technique de section) en athlétisme de performance. En 1989, je suis nommé chef du département technique du MCA, toutes disciplines sportives confondues. Je m'occupais en quelque sorte de la coordination des 14 disciplines. C'est le PDG de Sontrach Bouhafs qui en 1993 me nomme à son tour directeur des sports. Poste que j'occupe jusqu'en 1997. C'est durant cette saison qu'on me confie les destinées du MCA en tant que président. A la tête du Mouloudia, je reste jusqu'en 2001, c'est-à-dire juste avant le passage de la section football du club à l'association El Mouloudia. Depuis 2001 et jusqu'à 2008, je suis donc président du MCA sans le football. C'est en 2008 et suite à la décision de la Sonatrach de créer sa propre association dénommée GSP que je suis placé à la tête de cette dernière. Que gardez-vous comme meilleur souvenir de votre carrière sportive ? J'en garde tout particulièrement trois d'entre eux. Le premier, c'est le premier titre maghrébin gagné sur 400 m en Libye devant les Marocains Ghizlat et Hasnaoui. Le deuxième, c'est le fait d'avoir été le mentor de Nourreddine Morcelli durant sa carrière. Avec lui, j'ai vécu des moments forts d'une rare émotion, notamment lorsque en 1991, il a remporté à Tokyo le titre mondial. Le troisième, c'est le titre remporté en 1999 par l'équipe de football. Votre plus mauvais souvenir ? Des hauts et des bas, des joies et des peines, j'en ai connu durant plus de 40 ans dans le milieu sportif. Je fais en sorte de m'en garder que les bons. Quel est l'entraîneur qui vous a le plus marqué durant votre carrière d'athlète ? Le Tchèque Ontl Karel, un technicien hors pair et un grand humaniste. Le dirigeant ? Le regretté Tayeb M'ghezzi, le président de la section d'athlétisme du MCA avant la réforme sportive. Travailleur de l'ombre, il s'est dévoué corps et âme et de manière désintéressée pour le Mouloudia. Dans le milieu de l'athlétisme, Tayeb est toujours resté une référence, un dirigeant hors pair. Le sportif qui a forcé votre admiration et que vous pouvez citez en exemple aux athlètes et entraîneurs ? Abdelhamid Kermali avec qui j'ai eu l'honneur et le privilège de travailler. Des connaissances profondes, sa foi pour son métier inébranlable, son humilité et son amour sans bornes pour le pays. Quelle comparaison pouviez-vous faire entre le MCA que vous aviez dirigé et celui de ces dernières années ? La discipline, la rigueur et l'organisation ont laissé place à la guerre des tranchées. Malgré les bons résultats, la situation et la réputation du club tournent à l'aberration. Si vous aviez à vous juger, que citez-vous comme principale qualité ? J'ai au fond un bon cœur et j'ai toujours milité pour la bonne cause. Votre défaut majeur ? Il m'arrive d'avoir des réactions épidermiques, mais je ne suis ni mauvais ni méchant. Où en êtes-vous avec les écoles de football de la Sontrach ? Le projet murement réfléchi et à qui la Sontrach a dégagé de gros moyens a atteint son rythme de croisière. Près de 250 écoles au niveau de 46 wilayas regroupent 21.000 enfants dans les deux sexes. Michel Hidalgo qui a été le précurseur des écoles de football en France a été impressionné. Un mot sur la violence dans nos stades ? Un fléau dangereux qui gagne sans cesse du terrain Seul la sensibilisation continuelle est en mesure d'y remédier. Avez-vous un quelconque passe-temps favori. Je suis un réel accroc de la télévision. Etes-vous branché politique ? ça n'a jamais été ma tasse de thé. Ma politique à moi, c'est le sport, rien que le sport. Un homme politique préféré ? Le regretté président Mohamed Boudiaf pour sa droiture exemplaire et son grand nationalisme. Qui voyez-vous comme champion cette saison ? Le MCA, sans réfléchir. Quelle chose pour conclure ? J'interpelle les pouvoirs publics pour qu'ils se penchent sérieusement sur la prise en charge de la jeunesse. Le populisme qui a pour ainsi dire été à l'origine de la délinquance en tous genres, du phénomène des haraga doit être banni à jamais et laisser place à une politique réellement porteuse.