Les pouvoirs publics avaient-ils un autre choix, une alternative autre que celle-ci ? Quand en face, la fuite en avant, le radicalisme supplantent la modération et la sagesse, il y a le recours à la loi intransigeante. Dura lex, sed lex (dure est la loi mais c'est la loi) depuis l'antiquité. Il est tout aussi légitime de s'interroger sur le sens de cette grève inédite. Il existe tout autant peu de pays au monde où des grévistes s'arc-boutent sur des revendications scellées et non négociables. Il arrive fatalement dans tout conflit social où les concessions d'une partie ramène à la raison l'autre protagoniste. La secrétaire générale du PT a raison d'affirmer que «la politique d'entêtement n'apportera aucun résultat». Une grève n'est pas un éternel bras de fer où l'on revient à la raison qu'après satisfaction entière de ses désirs. C'est d'abord courir le risque de devenir impopulaire. En l'occurrence cette grève, qui tient–il n'y a pas d'autres mots–des milliers d'élèves en otage, déconsidère davantage les enseignants. Un conflit met en scène deux parties mais comme la liberté, ses droits s'arrêtent là où commencent les droits des autres. Le droit à l'instruction n'est-il pas un droit fondamental des enfants consacré par des chartes à l'échelle internationale. Ne serait-ce que par rapport à tous ces jeunes désorientés, anxieux et angoissés face un avenir incertain, un geste d'apaisement aurait été estimé à sa juste valeur. Qu'aurait-on perdu dans le cas extrême où les revendications sur la prise en charge des maladies professionnelles et de la gestion des œuvres sociales aient été retardées à reposer le problème. Avoir tout, ici et maintenant s'apparente à un caprice indigne de l'estime et de la respectabilité attribués aux éducateurs. Le ministère de l'Education, qui eut à gérer avec beaucoup de sang froid une crise dont le mobile relève, signe des temps, des seuls aspects pécuniaires, ne pouvait tolérer un pourrissement préjudiciable d'abord aux élèves. Parions qu'il existe encore des hommes et des femmes conscients que le choix de l'enseignement n'est pas la voie indiquée pour l'enrichissement et que la transmission du savoir plane au-dessus de toutes les autres considérations.