Le 1er sommet imposé par la France et l'Espagne, selon le responsable sahraoui pour l'Europe, Mohamed Sidati, n'a pas été avare sur les fondements du «partenariat à bon port» contracté au mépris de la légalité internationale et des droits de l'homme. Dans une tentative visant à rappeler les fondamentaux humanitaires, le tout président du conseil européen, Van Rompuy, s'est contenté, en conférence de presse, de signaler la teneur du «message clair et sans équivoque» adressé au Maroc invité à faire «davantage de progrès» dans le respect des valeurs fondamentales et des droits de l'homme. Sans plus. Les équivoques persistent dans la nature et la perception du partenariat stratégique apparenté au marché de dupes privilégiant exclusivement l'approche commerciale. Le «statut avancé» du régime de la répression coloniale est l'expression concrète de la perversion et de la crise des valeurs. Le merchandising à alibi humanitaire impose l'ère de la fortification en négation de la libre circulation des personnes et conforte le «mur de la honte» en violation du droit du peuple sahraoui à la libre expression. En étant sourd à l'appel lancé par le président Mohamed Abdelaziz au président en exercice de l'UE, le chef du gouvernement espagnol Zapatero, essentiellement interpellé sur la nécessité de veiller à la conformité de la légalité internationale, au respect du principe d'autodétermination, à la libération des détenus, l'ouverture du territoire sahraoui aux observateurs internationaux et l'arrêt du pillage des ressources naturelles, le choix européen apporte une caution claire à la dérive monstrueuse du régime colonial. Pour la «Ghandi sahraoui», Aminetou Haîder, de retour en Espagne après une grève de la faim de 32 jours à grand retentissement international, le sommet euro-marocain est considéré comme «un blanchiment de l'histoire sanguinaire du royaume du Maroc». Elle entend ne pas se satisfaire de vaines «paroles» et s'insurge contre l'attitude du gouvernement espagnol dont «le seul but est de n'avoir aucun problème avec le Maroc». Elle a ainsi révélé que son retour triomphal à Layoune s'est réalisé «grâce à l'action cruciale des Etats-Unis et de la France». Par solidarité avec le combat des droits de l'homme sahraouis, la manifestation populaire, organisée à l'appel du Ceas (Coordination espagnole des associations de solidarité forte de 200 associations), la dénonciation de la «plus grande des violations que l'on puisse faire aux droits de l'homme» traduit également le sentiment de révolte et d'injustice contre «l'entente commerciale des oligarchies qui sont en marge de leurs peuples». Sous le couvert des valeurs fondamentales, le marchandage de la liberté des peuples favorise le partage à 100% du gâteau entre les sociétés européennes et les autorités occupantes qui se réservent près de 72% des réserves halieutiques (13 fois l'Espagne en 1975) et une moyenne d'exploitation dépassant 122%, entre 2000 et 2004, et générant 2,3 milliards de dollars/an. Outre les richesses du sol et du sous-sol (minéraux, mines, phosphates, pétrole et gaz), l'accord de pêche conclu entre l'UE et le Maroc autorise la mainmise sur le secteur de la pêche pour les 119 navires européens (100 espagnols) en contrepartie des 144 millions d'euros versés au Maroc. La face voilée du «partenariat stratégique» explique la complicité des acteurs du pillage renouvelé et associé dans le travestissement de la réalité sahraouie. Le grand absent du sommet, en la personne du roi Mohamed VI, a tant bien que mal tenté de vendre la solution fictive de l'autonomie en réponse au «règlement politique du différend artificiel», en opposition flagrante avec le statut onusien des «territoires non autonomes», son Premier Ministre, présent à Grenade, a allégrement franchi le pas de la dérision en assurant que «85% de la population (du Sahara occidental) est attachée à sa nationalité marocaine». A quand donc le référendum d'autodétermination ?