Le peuple sahraoui se trouve aujourd'hui «à la limite de la ligne rouge» et sa patience touche à sa fin dans son conflit avec l'occupant marocain. Une déclaration de M. Brahim Ghali, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, soulignant l'exaspération de tout un peule qui lutte encore pour faire triompher son combat libérateur. Invité du forum de la Chaîne II de la radio nationale, il a indiqué que «la patience du peuple sahraoui a atteint ses limites». Réaffirmant que le peuple sahraoui reste attaché à la légalité internationale, notamment son droit à l'autodétermination et l'édification de son Etat, M. Ghali a estimé que l'ONU se retrouve devant deux options. La première consiste à exercer des pressions sur le Maroc pour avancer dans la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité et permettre au peuple sahraoui d'exprimer librement son choix et de disposer de son destin et la seconde à maintenir le statu quo et laisser la situation pourrir. Il rappellera que le Maroc veut organiser un référendum autour d'une seule question : celle de l'autonomie. «Ce qui est plus représentatif des décisions de l'ONU est que le peuple sahraoui puisse s'exprimer sur trois options, à savoir l'indépendance, l'annexion au Maroc et l'autonomie», a-t-il dit. Ce qui le pousse à relever l'importance des prochains rounds de négociations sur l'issue de ce conflit vers le dénouement ou l'escalade. Concernant les élections marocaines prévues hier dans les territoires occupés du Sahara occidental, M. Ghali les a qualifiées de «provocation grave, de menace à la sécurité et à la stabilité de la région et de défi flagrant des chartes onusiennes et de la volonté de coopération de la partie sahraouie». Il a estimé que l'association des territoires occupés du Sahara occidental aux élections marocaines «est une tentative par laquelle le Maroc vise à pousser la situation vers l'escalade», ajoutant que «le silence de l'ONU» face à cela «est comme couvrir un acte criminel». La RASD a d'ailleurs demandé à l'Union européenne (UE) de «condamner» la décision du Maroc d'étendre les élections municipales aux territoires occupés du Sahara occidental. «Nous rejetons ces prétendues élections et demandons solennellement à l'Union européenne de condamner ces élections, de dénoncer le message d'intransigeance, de mépris et d'impunité qu'elles recèlent à l'endroit des efforts engagés par l'ONU, par son secrétaire général et son envoyé personnel», a dénoncé M. Mohamed Sidati, ministre délégué pour l'Europe, membre du secrétariat national du Front Polisario dans une déclaration adressée jeudi à l'UE. Après avoir rappelé que le Sahara occidental était soumis à une autorité international, l'ambassadeur sahraoui à Alger a estimé que les Nations unies devaient «imposer au Maroc la présence de leur administration dans la région en exerçant une pression tangible». L'absence de réaction de la part des Nations unies constitue «une complicité implicite» inacceptable par le droit international, n'hésite-t-il pas à dire, appelant les Sahraouis à boycotter les élections. Le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, avait appelé lundi dernier le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, à «intervenir en urgence» pour empêcher l'extension des élections locales marocaines aux territoires sahraouis occupés par le Maroc. M. Ghali a appelé, quant à lui, les organisations internationales des droits de l'Homme à «intervenir rapidement et à dénoncer cette situation». Après avoir souligné que les «graves violations des droits de l'Homme et des libertés fondamentales au Sahara occidental menacent la paix et la sécurité à travers le monde», l'ambassadeur sahraoui a rappelé la tenue les 20 et 21 juin à Alger d'une réunion consacrée à l'examen de la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental. Dans ce contexte, il a appelé à introduire, au titre du mandat de la Minurso (mission chargée de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental), la mission de contrôle des droits humains, déplorant «l'absence de contrôle des dépassements commis par le Maroc». Par ailleurs, M. Ghali a indiqué que la question du Sahara occidental «est désormais présente au sein de la communauté internationale grâce à une recommandation du Conseil de sécurité», ajoutant que «la France avait menacé d'utiliser son droit de veto contre la prise en compte de la dimension humanitaire du conflit au Sahara occidental». Il a estimé, toutefois, que le fait que le Conseil de sécurité ait évoqué la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental constituait «un bon début pour une prise en charge sérieuse de ce volet». G. H.