S'il y a des négociations à faire avec le Maroc, elles porteraient sur les modalités d'application du référendum d'autodétermination, conformément aux accords déjà conclus entre les deux parties, a insisté lundi, à Alger, Mohamed Sidati, représentant du Front Polisario en Europe. Le responsable sahraoui réplique ainsi aux rumeurs faisant état de tentatives marocaines et de ses complices, la France et l'Espagne, pour faire figurer « des négociations directes » entre les parties dans les prochaines propositions onusiennes en vue de résoudre le conflit. Aux yeux de M. Sidati, qui animait une conférence de presse dans la soirée de lundi au siège de l'ambassade de la RASD à Alger, « il ne s'agit là que d'une curieuse logique qui elle-même contre la logique, contre la justice et les droit ». « Il s'agit de manœuvres que nous rejetons », a-t il ajouté. « Le Front Polisario refusera de négocier sur autre chose que les modalités d'application des accords déjà conclus notamment le Plan de règlement de l'Onu de 1991 et les Accords de Houston de 1996 », a-t-il insisté. M. Sidati déplore le fait que l'ONU ne soit pas « plus ferme » pour exiger l'application de ces accords pendant que le Maroc multiplie ses « manœuvres » en proposant un projet d'autonomie pour le Sahara-Occidental. M. Sidati estime qu'il y a « régression regrettable » dans le conflit, regrettant qu'« outre ces tentatives de réduire les efforts qui ont été accomplis, il y a des tentatives claires pour substituer ou proposer des pseudo solutions, ce qui débouchera sur une aggravation de la situation ». « C'est un projet mort-né et sera combattu par le peuple sahraoui », a répliqué M. Sidati. D'après lui à travers cette démarche, le Maroc « cherche à faire dévier le processus de règlement du conflit au Sahara-Occidental de son cadre naturel qui est la décolonisation. Le Front Polisario ne tombera pas dans le piège », a-t-il ajouté. Selon Sidati « ceux qui préconisent ce genre de démarches ce sont les amis du Maroc, la France et l'Espagne qui veulent avaliser ce fait colonial marocain ». L'orateur regrette que le Maroc continue de bénéficier de la complicité de ces deux pays. Le Conseil de sécurité de l'Onu doit se réunir fin octobre pour voter un renouvellement du mandat de sa mission au Sahara-Occidental, la Minurso, et se prononcer de nouveau sur le conflit. « Je crois que le débat sera inévitablement centré sur e comment mettre en application le droit du peuple sahraoui », a indiqué M. Sidati qui souligne la « frustration » du peuple sahraoui devant l'accumulation du retard mis dans l'application des décisions des Nations unies visant l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui. M. Sidati a qualifié la situation qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara-Occidental de « gravissime », en évoquant les cas d'emprisonnement, de torture et de répression. « 32 prisonniers d'opinion continuent de souffrir dans les geôles marocaines. Certains sont gravement atteints », déplore-t-il. Selon le conférencier, pour verrouiller l'accès à la ville d'El Ayoun, 7000 agents sont déguisé en civil dans cette ville. Il a de ce fait insisté auprès des Nations unies pour la publication du rapport élaboré par la mission du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH) de l'ONU, qui a séjourné le mois de mai dernier dans les territoires occupés du Sahara-Occidental pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme qui prévaut dans ce territoire. M. Sidati évoque des pressions sur l'ONU pour que ce rapport ne soit pas publié. « Ce rapport a été tellement accablant pour le Maroc qu'il y a eu des pressions pour qu'il ne soit pas rendu public », révèle-t-il. Des pressions qui pourraient parvenir de la France, selon l'orateur. M. Sidati exhorte ce pays à réviser son attitude vis-à-vis du conflit en réajustant sa politique. Interrogé sur l'attitude des Sahraouis si le SG de l'ONU, Koffi Annan, réédite les mêmes propositions qu'il avait élaborées lors de son dernier rapport, Sidati estime qu'« il y va de sa crédibilité donc il préférera partir en beauté ».