Photo : Mahdi I. Il y a eu foule lundi dernier au soir au TNA (théâtre national algérien). En effet, on n'a pas l'habitude d'assister à une représentation théâtrale où cet espace affiche complet. Les mordus du théâtre se sont délectés avec la générale de la pièce «Shahrazade, lalate n'ssa», mise en scène par la tunisienne Dalila Meftahi. Cette programmation entre dans le cadre de la manifestation «mars O féminin», en hommage à la femme. Contrairement à ce que l'on croit, cette pièce n'est pas une adaptation du célèbre conte des mille et nuits. Sur les planches du théâtre, Schéhérazade est différente. Elle n'a pas une silhouette de rêve, elle n'a pas de grands yeux. Elle ne narre pas d'histoires chaque soir au roi Shahrayar pour éviter de mourir. Pourtant, c'est une femme. Shahrazade version 2010 est une femme active. Une femme qui lutte au quotidien. En dernier lieu, Shahrayar a finalement cédé à Shahrazade. Il ne l'a pas abattu. Réalisé dans un décor somptueux peu ordinaire (des colonnes de vestiges), Mme Meftahi nous plonge dans un univers magique des Mille et Une Nuits où diverses émotions s'entremêlent, la mort, la vie, l'amour, la haine, la souffrance, le rire. Durant une heure vingt minutes, une comédie noire, deux personnages s'exaltent à corps perdus les sens. Ils animent les esprits et font danser les objets magiques...Un univers envoûtant et sensuel servi par une iconographie époustouflante, qui fait la part belle aux créateurs et aux illustrateurs. Deux univers différents. Shahrayar et Shahrazade. Une esthétique multiple, une sonorisation savamment recherchée. Une approche plus intimiste du corps, un travail centré sur l'intériorité moins sur le physique. Un réel travail corporel de gestes et de mouvements. Le spectacle présente une variété de costumes colorés, des numéros de danse créatifs, des performances musicales. Le jeu des comédiens est très naturel. Le rythme dans la peau. Houda Ben Kamla qui campe le rôle de Shahrazade, a trouvé son rythme. Il faut dire que ce genre de spectacle développe la concentration, permet l'acquisition d'un vocabulaire lié à l'espace. En créant des liens entre les activités physiques et, notamment en passant de la scène au plan, développant des compétences essentielles. L'œuvre de Mme Meftahi se veut un concept où elle exhorte la conscience sociale. Pour elle, la femme n'est pas cette espèce «d'enveloppement charnel» tant désiré par le sexe opposé. Elle ajoutera dans ce sens «Actuellement, la femme occupe plusieurs postes. Elle contribue et participe aux moyens de développement». En projet, Mme Meftahi nous informe qu'elle est intéressée par la mise en scène d'une production théâtrale algéro-tunisienne. Notons que «Shahrazade, lalate n'ssa» est en représentation durant six jours au TNA (du 8 au 13 mars 2010) au TNA.