Nouveau dialogue interlibanais sur le Hezbollah chiite et son arsenal militaire. Les 19 politiques (7 pour la majorité, 7 pour l'opposition et 5 indépendants dont le député Walid Joumblatt) qui se sont retrouvés chez Michel Sleiman ont promis de jouer cartes sur table. Réussiront-ils à se mettre d'accord sur une «stratégie de défense nationale» face à Israël qui menace leur pays malgré leurs divergences ? Selon les analystes, ce nouveau round de dialogue, le 8e depuis septembre 2008, conformément à l'accord de Doha signé le 21 mai par les dirigeants libanais au Qatar pour mettre fin à une impasse politique de 18 mois qui avait conduit le pays au bord du conflit armé, «ne va nulle part». La raison ? Les positions des deux camps et de leurs ramifications régionales sont aux antipodes en cette période agitée dans la région. La majorité (le Courant du Futur) réclame que les décisions de paix et de guerre soient le monopole de l'Etat et souhaite l'application à la lettre des deux résolutions du Conseil de sécurité qui appellent au désarmement de tous les groupes au Liban. A défaut d'un désarmement complet, elle souhaite convaincre le Hezbollah d'accepter de mettre ses moyens militaires un système de défense nationale et sous la tutelle de l'Etat. Pour elle, c'est aux généraux de mettre au point des stratégies de défense dans le conflit arabo-israélien et non aux militants du Hezbollah qui veulent voir le Liban «continuer à être le seul pays de confrontation avec Israël». L'opposition estime que son arsenal ne peut être «sujet à débat» tant que les affaires politiques libanaises sont noyautées par les Israéliens avec lesquels les risques de guerre sont «réels». «Nous n'allons pas à la table de dialogue pour discuter des armes de la résistance», affirmait récemment un député de l'opposition, suggérant aux participants au dialogue de chercher plutôt à «s'inspirer de l'expérience réussie de la résistance et notamment de la nouvelle équation établie par notre chef Hassan Nasrallah» le chef du Hezbollah. Il avait prévenu en février que son mouvement bombarderait les infrastructures israéliennes, en réponse aux mises en garde de l'Etat hébreu qui le soupçonne de posséder «40.000 missiles contre 14.000 au moment de la guerre de 2006». Ce son de cloche qui est radicalement autre que celui de la majorité, laisse certains opposants dire que les responsables israéliens ont nettement baissé de ton, après les menaces de ripostes de Nasrallah. Quelques Libanais, notamment ceux qui sont quasi certains que la décision d'attaquer l'Iran, l'allié du Hezbollah, est prise à Washington, tentent de couper la poire en deux. Ils estiment «nécessaire» la participation de la Ligue arabe qui a adopté une initiative de paix, au sommet de Beyrouth, en 2002, et celui de Riyad, en 2008 à ce dialogue. Pour eux, «aucun projet défensif libanais ne pourrait transgresser l'unanimité arabe autour de cette initiative».