Le ton est donné. A Alger, la conférence de « coordination » des 7 pays sahélo-sahariens (Algérie, Tchad, Libye, Niger, Mali, Mauritanie, Burkina-Faso), organisée à l'hôtel Sheraton, a signé l'urgence d'une approche commune pour faire face aux multiples défis qui se posent dans la région. Bien que le fait ne soit guère nouveau, car inscrit dans la rencontre de Bamako (novembre 2008) préparatoire au sommet des chefs d'Etat, la démarche se prévaut d'un « engagement sans faille » et du « devoir de solidarité » pour prémunir le Sahel de toutes les convoitises et si prometteur des tentatives de déstabilisation et d'ingérence extérieure. Tout naturellement, l'Algérie du combat pionnier, mené en solitaire lorsque les apôtres du « devoir d'ingérence » soufflaient en alliés intéressés sur le brasier terroriste, est sûre de son expérience pré-septembrienne validée dans toutes les capitales occidentales érigées en sanctuaires et néanmoins durement touchées par le retour de flammes. C'etait le temps maudit de la complaisance du Nord, tenté sous forme d'agreement gentleman par le pacte du diable et usant des pires artifices magnifiés par le French Doctor transmué en manutentionnaire du sac de riz somalien. Dans cette perversion et cette manipulation des valeurs démocratiques et des droits de l'homme, la bataille de la déstabilisation algérienne par tous les moyens couvait le dessein néo-colonial inavoué qui trouve, aujourd'hui, sa manifestation au Sahel du reflux terroriste battant pavillon d'al Qaïda et chargé des basses œuvres criminelles en matière de racket, de kidnapping, de contrebande, de blanchiment d'argent et de trafic de drogue générant les sources de financement immorales et illégales. La tâche est fort complexe. Elle nécessite au mieux une coordination à tous les niveaux des pays sahélo-sahariens, tenus par les liens de solidarité et la communauté de destin, de réussir la dure épreuve de la stabilité et du partenariat régional. «Notre rencontre témoigne de notre prise de conscience individuelle et collective de l'importance des sujets qui nous interpellent, en l'occurrence la sécurité, la paix et le développement de notre région que nous ambitionnons de restaurer dans sa vocation d'espace de prospérité et de stabilité, conformément aux règles de bon voisinage, de solidarité et de coopération sincère», a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, dans une allocution prononcée à l'ouverture des travaux de la conférence ministérielle. Dans la quête légitime d'une ère de paix, de sécurité et de prospérité collective, gravement entravée par la résurgence de la menace terroriste, les développements dangereux que connaît la région et les multiples connexions avec le crime organisé, Medelci a longuement insisté sur l'urgence d'une réponse concertée, adéquate et adaptée à ces défis. «A l'évidence, dira-t-il, l'instauration d'une coopération frontalière efficace et multiforme entre nos pays est cruciale.» De manière explicite, l'agenda algérien du Sahel oppose à la logique d'ingérence l'alternative crédible de la « coopération franche et sincère » à hauteur du double défi majeur : le terrorisme destructeur et la mondialisation de toutes les injustices et de la marginalisation mutilatrice.